La CPT «indignée» par les propos du ministre Brésilien de l’Agriculture
Blairo Maggi, ministre de l’Agriculture brésilien, a remis en cause les engagements environnementaux du pays lors de la Cop 22 qui s’est tenue au Maroc. La Commission pastorale de la Terre (CPT) fustige, dans un communiqué publié le 21 novembre 2016, de tels propos.
Blairo Maggi a notamment assuré que les engagements environnementaux du Brésil n’étaient que des «intentions» et a été jusqu’à mettre en doute les motifs réels des assassinats dus à des conflits liés à la terre, dénoncés chaque année la CPT. Cette dernière a d’ailleurs vivement critiqué les propos du ministre, dans un communiqué publié le 21 novembre.
«L’agriculture la plus durable du monde»
«Dans un contexte de dégradation croissante de l’environnement, lié à l’augmentation de la déforestation en Amazonie et à l’absence de contrôle de l’usage de produits phytosanitaires, le ministre a affirmé que l’agriculture brésilienne est la plus durable du monde et que tous les cours d’eau sont protégés par la loi, mais plus encore par la conscience des producteurs brésiliens », regrette le responsable de la CPT dans son communiqué.
Homme politique puissant et propriétaire terrien, Blairo Maggi a été, d’après une étude de Greenpeace, à lui seul responsable de près la moitié de la dévastation environnementale brésilienne, entre 2003 et 2004. Il dirige depuis le mois de mai dernier le ministère de l’Agriculture du Brésil, plus gros consommateur de produits phytosanitaires au monde (5,8 litres par an et par habitant).
«L’Amazonie est un hôtel»
Les responsables de la CPT ont été outrés lorsque le minitre a comparé la réserve légale de 80% de l’Amazonie à «un hôtel de 100 chambres dont il ne serait possible d’en occuper que 20». Quant à l’engagement du Brésil sur la réduction des gaz à effet de serre, le ministre a souligné qu’il ne s’agissait là «que d’intentions». Selon la CPT, il y a plus grave. Évoquant les homicides liés aux conflits de la terre, (47 assassinats en 2015, ndlr), Blairo Maggi a laissé entendre que «ces meurtres étaient le plus souvent le fruit de problèmes personnels et relationnels, non la cause de conflits liés à la terre».
Violences en hausse
«Alors que le gouvernement tente de fermer les yeux sur les faits, les violences et les conflits ne cessent d’augmenter», souligne la CPT. Ainsi, à la fin octobre de cette année 2016, le Centre de documentation Tomas Balduino de la CPT, a déjà enregistré autant d’assassinats que pour l’année 2015. Comparé aux résultats d’octobre 2015, le nombre d’homicides liés à la terre au Brésil a augmenté de 22%.
La CPT rappelle également que l’Amazonie continue d’être le théâtre majeur des conflits. De janvier à octobre 2016, selon des données encore partielles, 75% des conflits pour la terre ont eu lieu dans cette région. Le nombre de familles expulsées a augmenté de 110% et le nombre de personnes détenues a plus que triplé (+ 324%).
«Nous appelons la société brésilienne et internationale à prendre conscience de la gravité de la situation et à exiger que ceux qui usurpent le pouvoir mettent un terme à la violence et à la barbarie. Car ce n’est pas seulement le Brésil qui va souffrir des conséquences. C’est toute la planète«, conclut la Commission. (cath.ch/jcg)