Les chrétiens romands actifs auprès des réfugiés critiquent les «renvois Dublin»
Les aumôniers, permanents et bénévoles des Eglises de Suisse romande auprès des requérants d’asile et des réfugiés critiquent le comportement de la Suisse concernant les «renvois Dublin».
«Depuis plusieurs années, la Suisse applique avec un formalisme honteux les accords européens de Dublin, en multipliant les décisions de non-entrée en matière à l’encontre de requérantes et de requérants d’asile ayant déjà passé par un autre pays européen», rapporte le groupement de chrétiens dans un communiqué du 17 novembre 2016. Un récent rapport d’Amnesty International montre que la Suisse est le pays européen qui a de loin la pratique la plus généralisée des renvois vers des pays de premier accueil. Alors qu’elle renvoie chaque année des demandeurs d’asile par milliers vers l’Italie, la Suisse n’en a jusque-là accueilli que 112 en provenance de ce pays, affirme le groupe, réuni en retraite les 11 et 12 novembre à Saint-Légier, dans le canton de Vaud. La Suisse figure donc régulièrement en tête des Etats européens dans leur politique de renvoi, alors que le nombre de multimillionnaires ne cesse d’augmenter dans le pays.
Les personnes vulnérables touchées
«Cette politique aveugle, qui exerce une pression énorme sur des pays déjà débordés par des situations migratoires complexes, touche souvent des personnes très vulnérables», remarquent les aumôniers, permanents et bénévoles des Eglises romandes.
Ils condamnent cette manière quasi-automatique de procéder à des renvois Dublin. «Ceux-ci violent des droits fondamentaux inscrits dans des conventions et déclarations internationales que la Suisse a ratifiées. Ils entrent en conflit avec la Constitution fédérale qui dit que ‘toute personne a le droit d’être traitée par les organes de l’Etat sans arbitraire et conformément aux règles de la bonne foi’ (art. 9) et que ‘nul ne peut être refoulé sur le territoire d’un Etat dans lequel il risque la torture ou tout autre traitement ou peine cruels et inhumains’ (art. 25,3)».
Les activistes chrétiens appellent donc impérativement les autorités fédérales et cantonales à appliquer une politique d’asile juste, à traiter les demandes d’asile, à réduire massivement leur pratique de renvoi et à faire un usage beaucoup plus généreux de la clause de souveraineté, qui permet à un État de l’espace Dublin de traiter une requête d’asile indépendamment des règles de renvoi. (cath.ch-apic/com/rz)