Fratello: «Un fleuve de charité va se déverser sur Rome!»

Plusieurs centaines de personnes pauvres, exclues et sans domicile fixe, sont arrivées en train à Rome dans la matinée du 10 novembre 2016 pour leur Jubilé de la miséricorde, appelé Fratello.

Pendant trois jours, plus de 3’500 personnes en situation de précarité, venues de 22 pays différents, doivent rencontrer le pape François le 11 novembre, participer à des temps de prière et à la messe jubilaire qui sera célébrée par le pape le dimanche 13 novembre à la basilique Saint-Pierre.

Parmi les premiers arrivés à la gare de Termini à Rome le 10 novembre, ils sont nombreux à afficher de grands sourires. Et pour cause, beaucoup de ces personnes pauvres voyagent hors de France pour la première fois. C’est le cas de Daniel, ancien SDF, qui confie ne pas avoir hésité une seule seconde à participer à ce pèlerinage. «Je me suis dit que c’était l’occasion de se ressourcer et de penser aux copains», explique-t-il. Daniel a passé plus de six ans dans la rue, mais «je n’en suis pas totalement sorti», avoue-t-il, avant d’affirmer vouloir tout faire pour, sans pour autant «abandonner les autres». «Je ne laisserai jamais les petits frère s seuls», précise-t-il. Le SDF veut ainsi profiter de ce jubilé pour «prier pour le monde, pour qu’il aille mieux et que chacun puisse retrouver du travail et se sentir bien dans sa peau».

Le 11 novembre, tous se retrouveront à la salle Paul VI au Vatican, pour une audience avec le pape François, sous forme de catéchèse. Elle sera précédée d’un concert par une chorale de Nantes (France) composée en partie de SDF, ainsi que de quelques chansons interprétées par le chanteur catholique Grégory Turpin. «J’ai vraiment hâte de voir la réaction des milliers de personnes présentes quand ils se retrouveront devant le pape», s’exclame Daniel. Avant d’ajouter, «je vais les regarder attentivement pour voir leurs émotions, leur joie, leurs larmes, tout ce qu’ils vont donner au pape François en fait!»

Un projet ambitieux

Pour Etienne Villemain, fondateur de Fratello, l’origine du projet s’ancre dans les Journées mondiales de la jeunesse, où il a énormément reçu. «Je voudrais maintenant que les personnes de la rue reçoivent à leur tour le plus possible», explique-t-il. «On ne meurt pas de faim en France, c’est pourquoi Fratello est animé par la volonté de proposer aux personnes en situation de précarité, quelque chose de beaucoup plus important», souligne-t-il, évoquant la découverte du Christ, et aussi la rencontre du pape.

Sollicitée par Etienne Villemain, la co-fondatrice, Alix Montagne, a tout de suite su qu’elle pouvait contribuer à ce projet, en apportant son expérience de la vie de l’Eglise, ainsi que son réseau personnel. Une seule difficulté: attirer des soutiens «pour un pèlerinage, qui pouvait aussi paraître éphémère». «Les donateurs sont plus enclins à investir pour du concret, comme donner un toit aux pauvres», estime-t-elle. «Mais globalement, les gens sont très généreux car ils savent qu’une petite pièce ne suffira pas à changer les choses, mais qu’il faut investir dans des projets plus ambitieux».

«L’échelle n’est pas du tout la même que lors de l’édition 2014, où 200 SDF français avaient répondu présent», explique Alix Montagne. «Nous avons cette fois dû faire appel à de grandes associations, comme Caritas ou l’Ordre de Malte, mais aussi à beaucoup d’autres petites, que l’on a découvertes au fur et à mesure. C’est comme si de nombreux petits ruisseaux convergeaient, comme un fleuve de charité qui se déverse sur Rome!», se réjouit-elle, à la veille du lancement de ce pèlerinage jubilaire. (cath.ch/imedia/ah/gr)

Fratello 2016 Pèlerinage des personnes de la rue à Rome | © fratello2016.org
11 novembre 2016 | 00:59
par Grégory Roth
Temps de lecture : env. 2  min.
Fratello (23), SDF (20)
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