La permanence accueil de Nyon. (Photo: Caritas Vaud)
Suisse

L’aide sociale publique doit être renforcée

En Suisse, l’aide sociale publique est sous pression. Le nombre de cas augmente. Dans le même temps, cantons et communes mènent des politiques d’économies qui n’épargnent pas l’aide sociale. Face à ce constat, les œuvres d’entraide sont appelées à s’engager davantage dans l’accompagnement des personnes .

Caritas Suisse, la Croix-Rouge suisse et l’Armée du Salut ont commandé une étude sur les relations entre les œuvres d’entraide et l’aide sociale publique, présentée à la presse, le 7 novembre 2016, à Berne. Carlo Knöpfel, professeur à la Haute École de travail social de la Suisse du nord-ouest a analysée la situation entre 2005 et 2015, sur la base d’un sondage auprès des collaborateurs des œuvres d’entraide, d’études de cas et d’interviews d’experts.

L’aide sociale publique se concentre de plus en plus sur le versement des prestations financières, relève l’étude. Alors que leur travail est sous pression au niveau économique, les services sociaux manquent de temps pour l’accompagnement et la prise en charge à long terme des personnes. Face à cette situation, les œuvres d’entraide ont étendu leur offre et renforcé leurs services de conseil. Elles s’occupent de plus en plus de questions juridiques liées à l’aide sociale.

De fait, les œuvres d’entraide endossent de plus en plus de tâches relevant en principe de la compétence de l’aide sociale publique. Dès lors il est nécessaire de renforcer l’aide publique, estime l’étude.

Le manque d’aide personnalisée est un point critique

On ne peut cependant pas parler d’un déplacement systématique des cas des services sociaux vers les œuvres d’entraide, nuance l’enquête. Mais lorsque les services sociaux ne remplissent pas leur mission, les personnes concernées s’adressent aux œuvres d’entraide. On constate que les personnes qui demandent de l’aide auprès des services publics sont insuffisamment informées de leurs droits et devoirs. Les œuvres d’entraide doivent alors prendre le relais pour leur donner les explications utiles.

L’aide personnalisée, c’est-à-dire le conseil et l’accompagnement des personnes touchées par la pauvreté, représente ainsi un point critique. Ni les services sociaux, ni les œuvres d’entraide ne disposent des ressources pour offrir une aide complète à long terme. Souvent aussi, les services sociaux, soumis aux inquiétudes économiques des autorités, adoptent des pratiques beaucoup plus restrictives pour le versement de prestations circonstancielles.

Un nouveau champ d’action pour les œuvres d’entraide

Pour Caritas Suisse, la Croix-Rouge suisse et l’Armée du Salut, cette évolution va se poursuivre. Un champ d’action s’ouvre ainsi pour les œuvres d’entraide. Elles doivent repenser leur rôle dans la filière de la sécurité sociale et établir de nouvelles formes de collaboration avec les services sociaux. Le danger réside alors dans le fait que les œuvres d’entraide endossent des tâches étatiques pour lesquelles elles ne sont ni légitimes ni financées. Pour pallier ce danger, il faut renforcer à nouveau l’aide sociale publique.

L’étude formule quatre recommandations pour les œuvres d’entraide. Premièrement, elles doivent faire en sorte que la protection de l’État de droit continue à être garantie par l’aide sociale. Deuxièmement, les services sociaux doivent redonner un certain poids à l’aide personnelle, qui comprend le conseil, la prise en charge et l’accompagnement. Il faut donc redonner plus de ressources à l’aide sociale. Repenser le financement des prestations circonstancielles constitue la troisième recommandation. Lorsque qu’elles sont nécessaires, elles doivent être financées par les fonds de l’aide sociale. Enfin, les œuvres d’entraide sont invitées à prendre la parole plus souvent et avec plus de fermeté lorsqu’elles observent des dérives de l’aide sociale. La réduction et la prévention de la pauvreté ne doivent pas disparaître de l’agenda sociopolitique, conclut l’étude.

L’étude « Les œuvres d’entraide et l’aide sociale publique — de la complémentarité à la subsidiarité ? » se trouve sur les sites Internet des œuvres d’entraide concernées sous forme de document pdf. (cath.ch/com/mp)

 

La permanence accueil de Nyon.
7 novembre 2016 | 10:45
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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