Les âmes du purgatoire visitent-elles les vivants?
Il existe à Rome un lieu assez insolite: le Musée des âmes du purgatoire. Y sont exposés des objets en apparence anodins, tels que des livres de prière et des vêtements, censés porter des marques laissées par des âmes du purgatoire ayant voulu contacté les vivants.
En guise de «musée», il s’agit d’une collection d’objets et de documents exposés dans une unique vitrine installée dans une salle annexe de la sacristie de l’église du Sacré-Coeur du Suffrage (Chiesa Sacro Cuore del Suffragio), près du Vatican. Ces objets auraient été marqués par les défunts ayant apparu à des personnes proches afin de laisser une preuve de leur visite. Des meubles, du linge, ou encore des livres présentent des traces de brûlures comme s’ils avaient été touchés par des mains en feu. Les personnes décédées auraient tenté d’obtenir de la part des vivants des prières afin de pouvoir accéder plus rapidement au paradis.
Un visage dessiné par les flammes
L’un des artefacts est une taie d’oreiller arborant une empreinte de doigt prétendument laissée par Sœur Marie-Marguerite, du monastère de Sainte-Claire, au centre de l’Italie, note l’agence d’information américaine Catholic News Agency (CNA). Elle serait apparue à une de ses consoeurs la nuit ayant suivi son décès, en 1894. Un épisode inscrit dans les archives du monastère.
La collection a été réalisée par le prêtre français Victor Jouët (1839-1912), missionnaire du Sacré-Coeur d’Issoudun. Nommé à Rome, il achète en 1893 un terrain pour y construire une église dédiée au Sacré-Coeur de Jésus. Les travaux commencés en 1894 durent jusqu’en 1917. En attendant l’achèvement de l’église, le culte est célébré dans un édifice provisoire. Le 15 septembre 1897, un incendie éclate dans ce lieu de culte. On parvient à l’éteindre. Mais sur la paroi, les flammes et la fumée semblent avoir dessiné un visage humain en souffrance. Le Père Jouët est impressionné par ce phénomène et y voit un signe. Il arrive à la conclusion que ce visage était celui d’un défunt qui demandait des prières, pour être délivré du purgatoire et entrer au paradis.
280 témoignages
Le Père Jouët sillonne ensuite l’Europe pendant plusieurs années pour trouver d’autres témoignages et manifestations des âmes du Purgatoire, récoltant des objets en gardant la trace. Il recueille près de 280 témoignages et des dizaines d’artefacts.
Le 4 août 1905, au Vatican, il présente au pape Pie X cette singulière collection. Le pontife approuve que ces objets soient exposés, afin que les fidèles soient confortés dans la foi au sujet des fins dernières. Aujourd’hui, le musée accueille encore chaque année des milliers de pèlerins. (cath.ch-apic/cna/ag/rz)