L'existence de l'âme révélée à Genève?
Nicolas Fraisse, un Français d’une trentaine d’années, affirme que son esprit peut sortir de son corps et explorer son environnement. Hallucination ou réalité? Une étude genevoise, menée pendant 10 ans sur son cas, vient d’être rendue publique dans un livre. Ces résultats pourraient, selon les chercheurs, bouleverser notre conception de la conscience et le dogme matérialiste actuel.
Une chance sur 69 milliards de milliards de milliards que les réponses aient pu être trouvées au hasard. Tel est le résultat d’un test réalisé sous contrôle d’huissier par l’Institut suisse des sciences noétiques (ISSNOE), à Genève. Le centre étudie depuis 1999 les états modifiés de conscience dits «non ordinaires». En faisant appel à ses présumées capacités extrasensorielles, Nicolas Fraisse devait identifier des images cibles placées dans des enveloppes cachetées. Le jeune Français en a trouvé 79 sur 100. Un résultat considéré comme inexplicable du point de vue de la science actuelle. Sylvie Dethiollaz, docteure en biologie moléculaire, et Claude Charles Fourrier, psychothérapeute, les deux responsables d’ISSNOE et auteurs du livre Voyage aux confins de la conscience (Guy Trédaniel éditeur), expliquent à cath.ch les implications de ces recherches.
Au vu des résultats de vos recherches, avez-vous démontré l’existence de l’âme?
Sylvie Dethiollaz: Ici, nous tenons à être parfaitement clairs et honnêtes: nous n’avons pas démontré scientifiquement quoique ce soit. Nous avons cependant mis en évidence que la conscience a des capacités beaucoup plus étendues que celles qui sont communément admises. Des facultés que la science actuelle ne peut pas expliquer. Nos expériences confirment qu’il est possible d’accéder à des informations sans passer par nos cinq sens. Selon le ressenti de nos «expérienceurs», il s’agirait parfois d’une délocalisation de la conscience. Mais nous laissons ce point-là à la subjectivité. Même si, au niveau personnel, nous sommes ouverts au concept d’âme, ce mot a une connotation religieuse qui sort du cadre scientifique. Nous préférons parler, pour ce qui touche à ces phénomènes, de conscience. On ne peut donc pas parler de «preuve» de l’existence de l’»âme». Mais on peut parler d’un «faisceau d’évidences» qui nous amène vers cette possibilité.
Claude Charles Fourrier: D’abord, il faut rappeler qu’en science, la preuve absolue n’existe pas. A la question «avons-nous révélé l’existence de l’âme», on peut répondre objectivement non. Subjectivement, ensuite, chacun peut apporter sa propre interprétation aux résultats que nous présentons. Nos résultats sont compatibles avec l’hypothèse que la conscience peut exister au-delà du corps physique. C’est un élément qui va dans le sens de l’existence d’une «âme», telle qu’on la conçoit dans beaucoup de religions, et notamment le catholicisme.
Quels types d’expériences avez-vous mené avec Nicolas Fraisse?
SD: Il y a eu en fait deux types d’expériences différentes. Notre principal objectif était de vérifier la réalité des sorties hors du corps que Nicolas assurait pouvoir faire. Nous voulions nous assurer qu’il ne s’agissait pas d’hallucinations. Pour cela, nous avons établi un protocole scientifique très strict, en double-aveugle, devant permettre de valider ces perceptions. Dans une première série de tests, débutés en 2007, Nicolas devait identifier des images projetées par un ordinateur, dans un endroit hors de son champ de vision. Fin 2008, 40 tests de la sorte avaient été réalisés. Nicolas avait réussi à «voir» 7 fois les images. Sur ces 7, toutes les réponses étaient bonnes. La réussite était donc de 100%.
«Je crains plus que les milieux scientifiques ne s’y intéressent pas du tout»
CCF: L’autre type d’expérience est arrivée un peu par hasard. La Fondation Odier, qui nous finançait, voulait que nous réalisions d’autres tests pour vérifier les capacités de «clairvoyance» de Nicolas. Ces expériences-là nous paraissaient au premier abord moins intéressantes. Pourtant, ce sont celles qui ont apporté les résultats les plus probants. Et également au niveau spirituel, il s’est passé quelque chose de très fort lors de ces séances, qui nous a tous bouleversés. Cette expérience a fait appel à une autre faculté de Nicolas, qui lui était jusque-là inconnue, plus proche de ce qu’on appelle, dans un jargon un peu «Nouvel Age», le «channeling». A sa grande surprise, et à la nôtre, il a «entendu» d’une source extérieure indéfinie des informations sur le contenu des enveloppes. La probabilité obtenue, une chance sur 69 milliards de milliards de milliards que le résultat soit dû au hasard, a achevé de nous convaincre des capacités extrasensorielles de Nicolas.
Mais pourquoi n’a-t-il pas trouvé, dans ces deux tests, toutes les images?
SD: C’est difficile de répondre. Dans l’expérience de clairvoyance, les descriptions qu’il donnait des images étaient parfois tellement absconses que l’on ne pouvaient pas les rattacher à un des contenus présents. Peut-être avait-il simplement mal «entendu» certaines réponses. On ne le saura jamais.
Il est clair que ces états modifiés de conscience sont difficiles à appréhender totalement. Il y a toujours une part qui nous échappe un peu. Il est impossible de calquer sur eux nos schémas de perceptions sensorielles habituelles. Tous les expérienceurs nous assurent en tout cas que, dans ces états de conscience, le mental fonctionne différemment.
CCF: Pour le test des images projetées, il est important de préciser que Nicolas n’a jamais dit avoir vu une image qui se serait révélée fausse. Par contre, il n’a pas toujours réussi à voir l’image, car le phénomène de l’OBE est difficile à maîtriser. Tout d’abord, il était difficile pour Nicolas de diriger son esprit à l’endroit désiré. C’est un exercice dans lequel de nombreux facteurs, notamment psychologiques, sont impliqués. Ca ne peut certainement pas marcher à tous les coups, comme ce serait le cas d’une expérience de physique élémentaire.
N’avez-vous pas peur que la validité de vos résultats soit remise en cause?
SD: Je crains plus que les milieux scientifiques ne s’y intéressent pas du tout. Le fait que les résultats soient publiés dans un livre ne va pas aider. En général, tout ce qui n’est pas publié dans une revue scientifique n’est pas pris au sérieux. Mais nous espérons vivement que des scientifiques s’y intéressent malgré tout, qu’ils cherchent à pousser plus loin les études. L’objectif au départ était bien sûr d’être publiés dans une revue scientifique, mais pour cela, il nous aurait fallu continuer notre étude, en impliquant notamment des observateurs externes. Il nous aurait certainement fallu encore plusieurs années de recherches et de nouveaux financements. Nous avons préféré commencer par écrire un livre, de manière à aider et éclairer tous les expérienceurs, qui se posent en général beaucoup de questions sur leur condition.
«Avec les moyens adéquats, nous pourrions avoir des résultats extraordinaires»
CCF: De nombreux scientifiques auront sans nul doute beaucoup de mal à accepter nos conclusions. Bien que cela dépende de leur spécialité. Les neurologues sont en général extrêmement réfractaires. Les physiciens quantiques seront probablement plus ouverts.
Votre étude est-elle encore inédite dans le monde? En quoi se distingue-t-elle d’autres du même genre?
SD: En ce qui concerne l’expérience de «channeling» sous contrôle d’huissier, nous sommes à ma connaissance pionniers. Concernant les OBE,il y a déjà eu des études de ce genre. Mais je pense que nous sommes ceux qui sont allés le plus loin dans le domaine, et qui avons apporté les résultats les plus significatifs.
CCF: Et nous aurions pu aller beaucoup plus loin si nous avions eu le financement nécessaire. Si l’on considère que Nicolas a maintenant beaucoup amélioré sa capacité à contrôler ses OBE, avec les moyens adéquats, nous pourrions avoir des résultats extraordinaires.
Dans votre institut de Genève, avez-vous eu d’autres cas convaincants que celui de Nicolas Fraisse?
SD: Nous avons observé également, à ISSNOE, un cas de télékinésie (déplacement des objets par la pensée). Malheureusement, nous n’avons pas eu le temps de mettre en place, sur ce cas, un protocole de validation scientifique. Nous avons préféré nous focaliser sur les OBE, estimant qu’elles pouvaient nous en dire plus sur la nature de la conscience.
Nous recevons des dizaines de demandes de personnes ayant des capacités hors normes, et qui voudraient qu’on les teste. Mais faute de moyens, nous ne pouvons le faire. Si nous avions autant de ressources que la recherche classique, nous pourrions sans aucun doute apporter des résultats qui remettraient totalement en cause notre conception actuelle de la conscience.
CCF: Par le passé, des études ont également été faites par la CIA et le KGB sur les capacités extrasensorielles. Certaines ont d’ailleurs été déclassifiées et les résultats corroborent le fait que l’esprit humain possède des pouvoirs qui vont bien au-delà des conceptions habituelles.
Quelles autres données peuvent corroborer vos résultats?
SD: Dans le domaine de la parapsychologie scientifique, il y a eu de très nombreuses études avec des résultats extrêmement significatifs qui soutiennent l’idée que la conscience humaine aurait des capacités actuellement très sous-estimées. Là, nous ne sommes pas du tout pionniers, nous nous inscrivons dans une longue lignée de chercheurs qui ont fait un travail extrêmement sérieux, tels que Russel Targ, Dean Radin, ou encore Ruppert Sheldrake. Dans leurs divers domaines, ils ont établi avec un haut degré de fiabilité que l’esprit avait des capacités que la science actuelle ne peut expliquer. Certaines de ses études ont été publiées dans de prestigieuses revues scientifiques.
«La science n’est pas neutre»
CCF: Il faut ajouter que certaines conceptions de la physique quantique et de la physique de l’information permettent d’expliquer ce que vivent les expérienceurs. Sans entrer dans les détails, il est impressionant de voir que les dernières découvertes scientifiques viennent corroborer des concepts sur l’âme ou l’univers, qui existent déjà depuis des millénaires dans les grandes traditions religieuses, notamment orientales. Tout cela mis ensemble donne un paysage cohérent, qui nous fait penser que nous sommes sur le bon chemin. Mais ces éléments n’ont pas encore changé le paradigme dominant sur la conscience.
L’un des chapitres de votre livre s’intitule «La fin du matérialisme». Allons-nous vers un nouveau paradigme sur la nature de la réalité?
SD: Je pense en effet que le paradigme est tout de même en train de changer. Mais ce changement aura des répercussions tellement importantes qu’il va nécessiter beaucoup de temps. Il y a énormément de résistances. Car contrairement à ce que l’on voudrait faire croire, la science n’est ni neutre ni totalement objective. Elle est soumise à des «a priori», à des habitudes, à des egos et à des intérêts personnels. En neurosciences, notamment, des personnes ont fondé toute leur carrière sur le modèle en place. Si la conscience n’est pas réductible au cerveau, alors il n’y aura pour eux plus aucun moyen de l’étudier. C’est une hypothèse qui déstabilise beaucoup de chercheurs.
Sans compter que si les phénomènes d’OBE s’avèrent réels, cela ouvre des perspectives incroyables. Si l’on peut effectivement sortir de son corps, cela confère à l’homme une liberté inconcevable, qu’il aurait certainement de la peine à accepter et à gérer. Avec, en perspective, des bouleversements sociaux et économiques qui peuvent effrayer.
Il faudra peut-être attendre que les tenants du vieux paradigme disparaissent. Le nouveau modèle qui émerge va sans doute sonner le glas du matérialisme. Cette forme de pensée a été très utile, elle a apporté beaucoup de choses, mais il apparaît de plus en plus clairement qu’elle est incapable d’expliquer totalement notre réalité.
«Des millions de personnes vivent ces phénomènes»
CCF: Actuellement, on constate que la science se met des œillères en ce qui concerne ces phénomènes. C’est le problème de l’humain en général. Il s’accroche à ses habitudes. Il a toujours envie d’être rassuré par ce qu’il connaît déjà et l’inconnu lui fait peur.
La science aime bien également le retour sur rentabilité. Les sujets d’études sur lesquels il n’y a rien à gagner sont moins intéressants pour les chercheurs. La science fait des choses extraordinaires, mais elle n’est pas libre, elle reste malgré tout dépendante de ceux qui la financent. Elle devrait déjà accepter, au vu des statistiques, que des millions de personnes vivent ces phénomènes, autant sur le plan des expériences de mort imminente que de sorties hors du corps. Il est clair qu’il se passe quelque chose d’important que l’on ne peut pas ignorer. Il ya des scientifiques classiques, bien sûr, qui étudient ces phénomènes. Mais bien souvent, on constate qu’ils sont conditionnés à l’avance par les schémas en place. RZ
ISSNOE, un lieu unique dans le monde
L’Institut Suisse des Sciences Noétiques (ISSNOE) est né de la fusion entre l’Association Noêsis (créée en 1999 par Sylvie Dethiollaz) et la Fondation Odier de psycho-physique (créée en 1992 par Marcel et Monique Odier).
D’après le site internet de l’institut, ISSNOE a pour but l’étude de la Conscience à travers les états modifiés de conscience dits non-ordinaires et l’encouragement d’une recherche pluridisciplinaire à leur sujet, ainsi que l’étude méthodique et scientifique des relations entre l’esprit et la matière, entre la psychologie et la physique.
Soutien aux expérienceurs
ISSNOE fournit également des prestations d’assistance aux personnes ayant vécu une expérience en lien avec un état modifié de conscience «non-ordinaire», ainsi qu’à leur entourage (accueil, écoute, conseils, informations, rencontres avec d’autres témoins, soutien psychologique et psychothérapeutique).
L’institut développe un programme de recherche scientifique visant à mieux comprendre ces phénomènes, en prenant en compte leurs composantes psychologiques et spirituelles. Il diffuse une information objective sur les états modifiés de conscience non-ordinaires auprès du grand public, auprès du monde scientifique et auprès des professionnels et organismes œuvrant dans le domaine de la santé en général et des soins palliatifs en particulier.
ISSNOE Promeut une approche différente de la mort et de la fin de vie qui tient compte de la dimension transpersonnelle de l’être humain, explique le site internet. Il s’agit d’un lieu unique en Suisse, et même au monde, qui regroupe des professionnels ayant développé au cours du temps une très grande expertise dans le domaine des états modifiés de conscience non-ordinaires.
Bibliographie
Voyage aux confins de la conscience, Dix années d’exploration scientifique des sorties hors du corps-le cas Nicolas Fraisse/Sylvie Dethiollaz, Claude Charles Fourrier/Guy Trédaniel éditeur, 2016.
La conscience invisible/Dean Radin/Ed. J’ai Lu, 2006
L’esprit sans limites/Russel Targ/Ed. J’ai Lu, 2014
Sept expériences qui peuvent changer le monde/Ruppert Sheldrake/Editions du Rocher, 2005
(cath.ch-apic/rz)