Jura: les musulmans veulent un carré délimité dans un cimetière du canton
Les 1’400 Jurassiens de confession musulmane souhaiteraient qu’un carré leur soit réservé dans un des cimetières du canton. La demande formulée à plusieurs communes jurassiennes depuis plus de dix ans n’a pas encore abouti.
Si les anciennes générations de musulmans demandaient à être enterrées sur leur terre natale, les jeunes ont tendance à préférer ensevelir leurs parents auprès d’eux, dans leur pays d’adoption. C’est ce qu’explique Mohammed Filali, imam de la seule mosquée jurassienne au journal Le Quotidien jurassien.
Un acte d’intégration
Pour le responsable du Centre islamique Arrahman, à Delémont, vouloir un carré dans un cimetière public, c’est un acte d’intégration. Sur le plan rituel, un espace délimité permettrait d’éviter le nivellement des tombes, une pratique inexistante dans le monde musulman, car non conforme aux préceptes islamiques. Une attention particulière serait également donnée à l’orientation des sépultures, afin que le visage des défunts soit placé face à La Mecque.
La peur de la désaffection des tombes et le souci du respect du rite expliquent le souhait constant d’un retour des corps au pays. Sur le plan pratique, Mohammed Filali estime qu’avec la mise en place d’un carré dans le canton, le nombre de rapatriement diminuerait. Le coût du renvoi de la dépouille, estimé entre 3’000 et 8’000 francs, outrepasse les moyens de certaines familles endeuillées. Jusqu’à présent, c’est la communauté qui organise des quêtes pour leur venir en aide.
Une pratique déjà mise en œuvre
Pour activer la réflexion auprès les autorités, l’imam de la capitale jurassienne invoque la présence des carrés musulmans à Berne, Genève, Lausanne, Lugano, Winterthour. Et la pratique possible à Bâle, Bienne et La Chaux-de-Fonds, de l’inhumation respectant le rite musulman.
La première demande d’un espace délimité par un groupe musulman remonte à 2003. La plupart des communes jurassiennes jadis sollicitées avait réagi négativement, se souvient l’imam établi à Moutier. Il semblerait que, à l’instar du village de Bassecourt, le ton change progressivement. Si la maire Françoise Cattin est enthousiaste, une décision doit encore être prise par l’ensemble du Conseil communal de Haute-Sorne, fusion de 2013 des communes entourant Bassecourt. Du côté de Delémont, le maire Damien Chappuis assure qu’une réflexion sur la mise en place est en cours. (cath.ch/lqj/gr)