Le cimetière de Fribourg, un jour de Toussaint (photo Gilles Gay-Crosier)
Suisse

Mgr Charles Morerod: «La mort n’est pas la fin»

A l’occasion de la publication d’une nouvelle instruction de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) sur la sépulture des défunts, Ad Resurgendum cum Christo, Mgr Charles Morerod, président de la Conférence des évêques suisses, revient sur le sens des sépultures chrétiennes.

La question des sépultures est, en Suisse, réglée par l’Etat. Ces règles ne suffisent pas à l’Eglise catholique. Elle a édicté un règlement complémentaire qui lui est propre. Pourquoi?
Mgr Charles Morerod: Les lois étatiques garantissent une «sépulture décente» à toute personne qui meurt en Suisse. Ce cadre légal laisse place à la culture chrétienne des ensevelissements. L’Eglise catholique exprime dans son règlement à elle trois éléments essentiels de la foi chrétienne. 1) l’espoir de la résurrection de la chair au dernier jour, 2) l’Homme est une personne que Dieu appelle de son nom (cf. Is. 43,1), 3) la mort ne détruit pas la communion des chrétiens qui englobe les morts aussi bien que les vivants.

La crémation est également largement répandue, depuis quelques années, chez les catholiques croyants. Il y a aujourd’hui, dans une grande partie de la Suisse, nettement plus d’incinérations que d’inhumations. Pourquoi l’Eglise catholique continue-t-elle à recommander expressément de se faire enterrer?
La mort n’est pas une fin mais une étape du chemin vers la résurrection. Celui qui meurt ne tombe pas dans le néant mais nous précède vers notre but, la vie éternelle. Avec l’enterrement, nous suivons l’exemple de Jésus Christ dont le corps a été mis au tombeau selon la tradition juive. Le cadavre du Christ a attendu là la résurrection. Le Christ lui-même viendra nous ressusciter au dernier jour. Dans sa messe pour les défunts, l’Eglise prie ainsi: «Pour tous ceux qui croient en toi, Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est transformée. Et lorsque prend fin leur séjour sur la terre, ils ont déjà une demeure éternelle dans les cieux.»

La crémation n’est pas interdite dans l’Eglise catholique car «l’incinération du cadavre ne touche pas à l’âme et n’empêche pas la toute-puissance divine de ressusciter le corps.» (comme le dit la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dans son Instruction «Ad resurgendum cum Christo»). Si par contre, on choisit l’une ou l’autre forme  de sépulture pour des raisons contraires à la foi chrétienne, par exemple pour exprimer des convictions panthéistes ou de religion naturelle, une sépulture à l’Eglise n’est pas possible.

Pourquoi l’Eglise accorde-t-elle, depuis toujours, une grande valeur à la sépulture dans un lieu sacré comme une église ou un cimetière?
Celui qui enterre le cadavre des morts selon la tradition chrétienne dans des cimetières, dans ou à proximité d’églises, honore par là la grande dignité du corps humain en tant que partie intégrante  de la personne qui est appelée à la vie éternelle dans sa totalité. Il exprime en outre dans la tradition chrétienne la communion entre les vivants et les morts. La sépulture dans un tel endroit  favorise le souvenir et la prière pour les défunts de manière appropriée car elle exprime clairement la foi en l’immortalité de l’âme et en la résurrection de la chair. En même temps, les survivants trouvent un lieu du souvenir et de la consolation. (cath.ch/com/mp)

 

Le cimetière de Fribourg, un jour de Toussaint (photo Gilles Gay-Crosier)
25 octobre 2016 | 13:25
par Rédaction
Temps de lecture : env. 2  min.
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