France: Un carmel sous enquête pour abus de vulnérabilité
Le parquet de Pau, dans le sud-ouest de la France a ordonné une enquête après une plainte déposée par les parents d’une jeune religieuse carmélite de Simacourbe. Ils sont inquiets pour la santé mentale et physique de leur fille. L’enquête est ouverte pour abus de vulnérabilité de personnes en situation de sujétion psychologique.
Le carmel de Simacourbe s’est-il transformé en groupe sectaire sous l’emprise de sa mère supérieure Joanna De Cok ? Telle est la question lancée par les parents d’une des moniales cloîtrées installées depuis 2009 dans le château de Simacourbe qu’elles ont rénové. Une association de lutte contre les sectes s’est également jointe à la plainte des parents. «Notre fille est en réel danger, tant sur le plan physique que psychologique et, devant l’incapacité des autorités ecclésiastiques de tutelle de régler le problème, nous avons décidé, en dernier recours, de saisir la justice», déclarent à l’AFP les parents.
Emprise psychologique totale de la supérieure
Selon cette famille, mais aussi d’autres témoignages, les religieuses seraient sous l’emprise psychologique totale de la supérieure de la communauté: vénération démesurée portée à la responsable du Carmel, coupure totale du monde extérieur, restriction des relations familiales, suivi médical plus que sommaire, absence de période de discernement, travail intensif, manque de sommeil…
La mère supérieure, Joanna De Cok de son nom civil, âgée aujourd’hui de 79 ans, a déjà été contestée, y compris au sein de l’Église catholique. En 1994, Soeur Joanna avait été relevée de ses voeux solennels en Belgique à la suite d’une enquête canonique menée par l’évêque de Namur. Installée en 1997 à Montgardin, dans les Hautes-Alpes, elle quittait le diocèse de Gap et d’Embrun en 2009 en raison d’un conflit avec Mgr Jean-Michel Di Falco, évêque du lieu. Celui-ci considérait que cette «communauté trompait le monde et n’était pas un véritable Carmel». Toutefois, en 2009, le Carmel d’Alençon décidait de la réintégrer, ce qui permettait à l’évêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet, d’autoriser l’installation de ce Carmel à Simacourbe.
Aux journalistes qui les interrogeaient, les religieuses ont déclaré ne rien comprendre à cette affaire qu’elles qualifient de diabolique. Interrogé par l’AFP, le responsable de la communication à l’évêché, Olivier Drapé, a fait savoir le 22 octobre que le diocèse n’avait, pour le moment, aucun commentaire à faire. (cath.ch/ag/mp)