Le pape François pointe le doigt sur le sort des enfants migrants
Face au phénomène complexe des migrations, le pape François attire l’attention du monde sur la question des enfants. Dans son Message pour la Journée des migrants, publié le 13 octobre 2016, le souverain pontife appelle notamment à traiter cette question à la racine, c’est-à-dire d’affronter dans les pays d’origine les causes qui provoquent les migrations.
La 103e Journée mondiale des migrants sera célébrée dans l’Eglise le 15 janvier 2017. Signé par le pape le 8 septembre et intitulé ›Migrants mineurs, vulnérables et sans voix’, le message du pape se fonde sur l’enseignement de Jésus, à la fois enthousiasmant et exigeant: ›quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille’ (Mc 9,37).
Visant l’accès à un développement authentique, qui promeuve le bien des enfants, le pape François y affirme que «l’âge de l’enfance, par sa délicatesse particulière, a des exigences uniques et inaliénables». Et notamment le droit, ajoute-t-il, à un environnement familial sain et protégé, pour pouvoir grandir sous la conduite d’un papa et d’une maman.
Question mondiale dramatique
Phénomène complexe du fait des guerres, violations des droits humains, corruption, pauvreté, les migrations sont devenues une question mondiale dramatique, et ce sont les mineurs qui paient en premier lieu le prix élevé, affirme le successeur de Pierre. Il est donc absolument nécessaire, que cette question des migrants mineurs soit attaqué à la racine. C’est-à-dire, précise le pape, en traitant dans les pays d’origine les causes qui provoquent les migrations, et que la communauté internationale s’engage à enrayer les conflits et les violences qui contraignent les personnes à la fuite.
Dans son message, le pape François pointe également du doigt le trafic – prostitution et pornographie – car la ligne de démarcation entre migration et trafic est parfois ténue, affirme-t-il. «La plus puissante impulsion pour l’exploitation et l’abus des enfants provient de la demande», souligne le pontife: «si l’on ne trouve pas le moyen d’intervenir avec plus (…) d’efficacité à l’encontre de ceux qui en tirent profit, les multiples formes d’esclavage, dont sont victimes les mineurs, ne pourront pas être enrayées». Le pape met aussi en garde contre les attentes irréalistes suscitées par les médias.
Dignité et respect
Pour ce qui concerne les pays d’accueil, «le droit des États à gérer les flux migratoires et à sauvegarder le bien commun national doit se conjuguer avec le devoir de résoudre et de régulariser la situation des migrants mineurs, dans le plein respect de leur dignité, pour le bien de l’entière cellule familiale».
L’Eglise, enfin, a un rôle particulier à jouer pour le souverain pontife, car, explique-t-il, «le phénomène migratoire n’est pas étranger à l’histoire du salut, (…) il en fait partie». Dès lors, personne ne peut être étranger dans la communauté chrétienne, ajoute le pape, laquelle embrasse ›toutes nations, tribus, peuples et langues’ (Ap 7,9).
Dans le futur dicastère pour le service du développement humain intégral, le pape François dirigera lui-même provisoirement la section dédiée aux migrants. Ce dicastère entrera en fonction le 1e janvier 2017.
Le cardinal Antonio-Maria Veglio, président de l’actuel Conseil pontifical pour les migrants, a dénoncé le 13 octobre 2016 «l’égoïsme» de l’Europe, tout en ajoutant que le problème de l’immigration ne pouvait se résoudre en accueillant tout le monde. Commentant devant les journalistes le message du pape François pour la Journée mondiale des migrants, le prélat a également affirmé qu’il fallait parler d’intégration plutôt que d’assimilation, c’est-à-dire respecter l’identité du migrant comme la tradition du pays d’accueil. Le cardinal Veglio a également reconnu que les différences de religion rendaient plus difficiles l’intégration. (cath.ch-apic/imedia/ap/mp)