Basilique Notre-Dame: Une après-midi pour «goûter à la miséricorde»
Dans le cadre de l’Année de la miséricorde, la basilique Notre-Dame de Lausanne propose, une fois par mois, une démarche spirituelle originale pour «goûter la miséricorde». Plus de 200 personnes sont venues s’y ressourcer, ce samedi 8 octobre.
Il fait à peine jour lorsqu’Annie est partie de Vevey, ce matin. 7 heures de marche l’attendent pour rallier la basilique Notre-Dame de Lausanne. «15 kilomètres 129». Le petit GPS qu’elle porte à la ceinture est formel. «Le pèlerinage, c’est une prière. On a du temps pour penser à des personnes proches et les confier au Seigneur». Dans son cœur: un prêtre récemment décédé, une amie qui lui a demandé sa prière et sa propre famille. Ainsi qu’une intention personnelle. «J’ai demandé à Marie de m’aider à arriver jusqu’à Lausanne, malgré une sciatique qui m’embête». Cette retraitée est une habituée des samedis de la miséricorde proposés par la basilique Notre-Dame depuis le début de l’Année de la miséricorde. «Un véritable havre de paix où l’on peut se ressourcer».
Organisées par la paroisse Notre-Dame et le Vicariat épiscopal du canton de Vaud, ces rencontres ont attiré des centaines de personnes depuis le début de l’Année sainte. »Toutes les paroisses du canton ont été invitées tour à tour à participer à l’une des journées, explique Béatrice Vaucher, déléguée du vicaire épiscopal. Nous voulions que la basilique soit un sanctuaire vivant». Pour ce faire, différentes activités sont proposées: adoration du Saint-Sacrement, confession, passage de la porte sainte, ateliers, conférences et eucharistie.
Au commencement: l’accueil
«J’ai l’impression que ces rencontres ont rapproché les gens», explique Lucienne, en charge de l’accueil, dans le narthex de la basilique. Voilà bientôt une année qu’elle accueille tous les jeudis et vendredis matin les gens qui gravissent les 40 marches de la basilique. «Il y a toujours du monde, ils sont le reflet du centre-ville multiculturel de Lausanne. Les gens se rencontrent, font connaissance, se parlent. Ils viennent avec leurs questions ou leurs soucis. Certaines ont un but précis, d’autres hésitent, font quelques pas sur le parvis. Le plus important c’est qu’ils se sentent accueillis, écoutés», confie la jeune retraitée.
Elle est en première ligne, Lucienne. En une année, elle a recueilli bon nombre de confidences, de questions ou de souffrances. «Je me sens à l’aise dans l’accueil». Son secret? «Regarder les gens avec bienveillance. Nos villes sont de plus en plus individualistes. Prenez le métro: si vous dites bonjour en entrant, on vous prend pour une bête curieuse. Et pourtant les gens ont besoin de rencontres, de se sentir accueillis comme ils sont». Le pape François a joué un rôle déterminant dans son engagement. «Il demande d’ouvrir toutes grandes les portes des églises. Ça devient urgent, sinon elles risquent de rouiller». Au fond, qu’est-ce que l’église pour elle? Lucienne se tait, réfléchit, le regard fixé vers le chœur. «C’est le lieu de tous les possibles et c’est un lieu ouvert à tous. C’est un lieu de prière, d’écoute, d’étude, de prise de conscience, un lieu d’émotions. Un lieu où l’on se réjouit, un lieu où l’on pleure». Pour Lucienne, tout ce qui anime le cœur de l’homme trouve sa place dans cette basilique. «C’est aussi un lieu ouvert à tous, sans barrière. Les gens doivent se sentir bienvenus, chez eux, quelle que soit leur origine, leur culture, voire même leur religion».
Chocolat et méditation
Plusieurs centaines de personnes pousseront la porte de la basilique aujourd’hui, accueillis par le sourire de Lucienne. C’est le cas de Jean, qui passait par là. «Je suis venu en ville pour acheter du chocolat. Quand j’ai vu que le parvis de la basilique était animé, je suis monté jeter un coup d’œil, explique l’octogénaire, confiseries à la main. Je suis rentré, j’ai médité un moment et on m’a gentiment offert un café».
S’ils sont plusieurs, comme Jean, à entrer spontanément dans l’église, d’autres avaient préparé cette journée de longue date. C’est le cas de Juliette, 25 ans. Elle est venue à pied de Nyon, une des paroisses invitées ce samedi 8 ocotbre. «Ce n’était pas facile de me lever ce matin, mais je tenais à vivre cette démarche. J’ai éteint mon téléphone et je suis partie avec d’autres personnes». C’est une petite retraite pour la jeune femme. Une respiration dans un quotidien bien chargé.
Les fruits de l’Année sainte
Les fidèles ne sont pas les seuls à profiter de la démarche. Elle est aussi bénéfique pour la dizaine de prêtres présents. «On se rend compte que le Christ relève celles et ceux qui viennent nous confier leurs difficultés», explique l’abbé Joseph Lukelu, après trois heures de confession et un début de torticolis. «Ils viennent avec leurs nœuds et repartent avec un élan nouveau pour affronter le quotidien. C’est touchant, pour nous les prêtres, d’en être témoins. Certains se confessent régulièrement, d’autres n’ont pas l’habitude et ne l’ont pas fait depuis plusieurs années. Il se passe de belles choses au fond de leurs cœurs», confie le prêtre auxiliaire de Vevey.
«Beaucoup de belles choses se sont passées dans cette basilique depuis le début de l’Année de la miséricorde», reconnaît Béatrice Vaucher. Ce temps particulier, voulu par le pape François, se terminera le 20 novembre prochain. Quelle suite concrète pour la Basilique Notre-Dame? «Nous souhaitons continuer de faire de ce sanctuaire un lieu de ressource spirituelle. Plusieurs démarches mises en place durant cette année vont se poursuivre et s’intensifier». (cath.ch/pp)