Icônes palestiniennes pour la prestigieuse cathédrale médiévale de Lichfield
La prestigieuse cathédrale médiévale anglaise de Lichfield, au nord de Birmingham, s’enorgueillit depuis cet été de deux icônes de l’Annonciation, réalisées par trois jeunes artistes palestiniens chrétiens du Bethlehem Icon Center (BIC).
La petite ville du Staffordshire a accueilli durant l’été les trois étudiants et le directeur du BIC Ian Knowles, pour réaliser un diptyque d’icônes, de 270cm x 72cm, représentant la scène de l’Annonciation. Les icônes sont exposées dans la nef de la cathédrale.
Des jeunes artistes chrétiens de Bethléem
Le projet, intitulé The Lichfield Annonciation, est le fruit de la collaboration entre le Centre iconographique de Bethléem, en Palestine, et le Père Adrian Dorbar, doyen de la cathédrale de Lichfield.
Le savoir-faire et le talent de trois jeunes Palestiniens, Nicola Juha, Noura Sleibi et Loris Matar, tous originaires de la ville de Bethléem, est venu ajouter encore aux 1’500 ans d’héritage spirituel de la cathédrale, rapporte Saher Kawas, journaliste au Patriarcat latin de Jérusalem. «Ce projet signifie beaucoup pour moi qui suis chrétienne palestinienne», expliqué Noura. «A travers cette icône de l’Annonciation, nous avons annoncé la parole de Dieu, et elle fait maintenant partie du patrimoine de la cathédrale».
L’»Ange de Lichfield»
Parmi les jeunes palestiniens de l’équipe, certains voyageaient pour la première fois, d’autres s’étaient déjà rendus à l’étranger, mais seulement pour de courtes périodes. Cette nouvelle expérience a donné aux étudiants du BIC et aux fidèles de Lichfield l’occasion d’apprendre ou de redécouvrir l’histoire, la culture et les valeurs de chacun.
«Nous étions comme les ambassadeurs d’un message. Nous avons raconté nos histoires, parlé de nos vies et de notre identité en tant que chrétiens palestiniens», déclare Nicola. «En retour, nous avons senti la chaleur et l’empathie des visiteurs qui viennent souvent ici et nous voient travailler, surtout du Père Adrian Dorbar, doyen de la cathédrale, qui a tout fait pour que nous nous sentions chez nous».
L’icône de l’Archange Gabriel a été réalisée à la suite de l’»Ange de Lichfield», sculpture calcaire, qui a été découverte en 2003 lors de travaux d’excavation sous le plancher de la cathédrale. Derrière ce choix de prendre l’Ange de Lichfield pour modèle, l’intention était de créer des icônes qui seraient profondément enracinées dans la tradition vivante de l’art liturgique de la cathédrale, explique Ian. «L’Ange de Lichfield constitue un merveilleux exemple des premières origines de la vie liturgique de la cathédrale».
Broderies palestiniennes
Quant à l’icône de la Vierge Marie, la Mère de Dieu est représentée assise sur un trône surélevé en train de tisser un voile pour le Saint des Saints du temple. Un rideau rouge est derrière elle à la porte de sa maison. «Le rideau évoque le voile du Temple», souligne le directeur de BIC. «Ce dernier protégeait l’entrée du Saint des Saints, là où demeurait la gloire de Dieu. Dans cette icône, le rideau est tiré en arrière pour indiquer que le Seigneur entre à l’intérieur, faisant du sein de la Vierge Sa demeure, et la faisant devenir la Mère de Dieu».
Les étudiants du BIC et leur directeur n’ont pas manqué d’inclure des motifs typiques de la culture palestinienne, souligne Saher Kawas. Le tapis coloré, sur lequel reposent les pieds de Marie, est décoré avec des motifs de broderies palestiniennes propres à la région de Bethléem.
Prière pour Bethléem
La préparation des panneaux a pris sept semaines intensives: application du «gesso» (enduit à base de plâtre et de colle animale utilisé pour préparer les panneaux de bois destinés à être peints», du «bol d’Arménie» (oxyde de fer rouge qui permet l’adhérence des feuilles d’or posé à l’eau sur le bois apprêté) et des feuilles d’or, dorure, puis écriture des icônes et leur installation dans la cathédrale. Puis le doyen a présidé une Eucharistie et a donné sa bénédiction. La messe s’est conclue avec les étudiants racontant les expériences faites par chacun au cours de leur séjour.
«La cérémonie de la bénédiction des deux icônes a été un événement spécial pour moi», déclare Nicola avec enthousiasme. «L’un des moments les plus surréalistes que j’ai vécu fut lorsque les fidèles se mirent à chanter l’hymne Ô petite ville de Bethléem et à prier pour ma ville natale», confie-t-il à Saher Kawas. »Je ne peux pas décrire à quel point j’ai été heureuse lorsque j’ai vu les gens s’asseoir en face de l’icône pour prier. Voilà pourquoi nous avons parcouru tout ce chemin depuis Bethléem. Notre mission est accomplie», a ajouté Noura.
Le Centre Iconographique de Bethléem
Fondée en 2010, l’école iconographique de Bethléem s’est donné pour mission de créer un environnement où les chrétiens palestiniens peuvent se retrouver et renouer avec l’art chrétien séculaire de l’iconographie. Dans une ville où le taux de chômage est élevé, encerclée par le mur de séparation israélien rendant difficile voire impossible l’accès aux Lieux Saints du pays, le BIC veille à travailler sans relâche pour inculquer l’éthique de travail collaboratif, pour renouveler la spiritualité et pour former des iconographes qualifiés qui sauront par la suite, être en mesure non seulement d’avoir une profession et la stabilité qui en découle, mais aussi d’obtenir les moyens de grandir spirituellement à travers leur travail.
L’Annonciation de Liechfield n’est que le début de la longue liste de projets que le BIC cherche à réaliser. Pendant l’été 2017, un autre groupe d’étudiants participera à la deuxième partie du projet de Lichfield. Le travail impliquera de réaliser une croix de 2,5 mètres de haut qui sera accrochée dans le chœur au-dessus de l’autel. Les Amis de la cathédrale de Liechfield soutiennent financièrement le projet du BIC. (cath.ch-apic/lpj/com/be)