Azerbaïdjan : le pape souhaite ouvrir des «pistes originales» pour la paix au Haut-Karabakh

Le pape François, en visite pastorale en Azerbaïdjan, a souhaité dimanche 2 octobre 2016 ouvrir des «pistes originales» pour la paix au Haut-Karabakh, une région que se disputent l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

L’Arménie et l’Azerbaïdjan se livrent depuis 1988 une guerre sanglante, sur fond de revendication par l’Arménie du Haut-Karabakh, région sécessionniste du sud-ouest de l’Azerbaïdjan, annexée par Staline en 1921, et où vivent une majorité d’Arméniens. Cette guerre, redevenue ouverte en avril 2016, a déjà fait 30’000 morts, malgré des discussions qui se poursuivent actuellement au sein du groupe de Minsk.

Le conflit a déjà fait 30’000 morts

Le chef de l’Eglise catholique a exprimé «de tout cœur» sa proximité avec ceux qui ont dû «laisser leur terre», et «aux nombreuses personnes qui souffrent à cause de conflits sanglants». Il a souhaité l’ouverture d’une phase nouvelle dans les discussions, afin d’assurer une paix stable  dans la région du Caucase.

Le pape François a ainsi abordé la phase la plus politique de son voyage, le 2 octobre 2016, avec une courte visite de courtoisie au président Heydar Aliyev à Bakou, suivi d’un discours longuement applaudi aux autorités civiles du pays. Le successeur de Pierre s’est prononcé en faveur de la «liberté des peuples» et a exprimé sa proximité avec les victimes des «conflits sanglants». L’Azerbaïdjan et l’Arménie se livrent une guerre territoriale depuis plus de 20 ans, avec son cortège de victimes et de personnes déplacées.

Indépendance en 1991

Après une visite au président de la République Heydar Aliyev, au palais de Ganjik à Bakou, et une courte halte au monument aux morts de l’indépendance (1991). Il s’est recueilli devant la flamme du souvenir, puis a voulu «jeter un regard d’ensemble sur les événements de ces décennies», à quelques jours du 25e anniversaire de l’indépendance de l’ancienne république soviétique, le 18 octobre prochain.

Au Centre ›Heydar Aliyev’ de Bakou, devant un millier de représentants des  autorités civiles, dont le président Heydar Aliyev, le souverain pontife a affirmé la nécessité de continuer sur la voie du «progrès authentique» et de la «liberté des peuples», afin d’ouvrir «des pistes originales» pour des accords de paix durables.

Le Caucase, une «porte entre l’Orient et l’Occident»

Jean Paul II, a rappelé l’actuel successeur de Pierre, avait déjà  affirmé en 2002 que le Caucase était une «porte entre l’Orient et l’Occident», lors de son voyage dans ce pays. Le pape François a salué pour sa part les «remarquables efforts» accomplis par l’Azerbaïdjan «pour consolider les institutions et favoriser la croissance économique et civile».

Cela demande aussi, a-t-il ajouté, «une constante attention à tous, spécialement aux plus faibles», et cela est rendu possible «grâce à une société qui reconnaît les bénéfices du multiculturalisme et de la complémentarité nécessaire des cultures».

Un «cadre normatif plus stable» pour l’Eglise catholique

Dans un pays à très forte majorité musulmane chiite, où les chrétiens ne bénéficient pas du droit d’afficher publiquement leur foi, lors de processions par exemple, le pape a souhaité vivement que l’Azerbaïdjan continue sur la route de la collaboration entre les diverses cultures et confessions religieuses, afin que tous puissent «apporter (leur) propre contribution au bien commun».

A cet égard, le pape François a tenu à souligner la place de l’Eglise catholique, qui, même si elle constitue dans le pays une présence numériquement limitée, est insérée dans la vie civile et sociale de l’Azerbaïdjan. Notamment depuis sa reconnaissance juridique suite à la ratification de l’Accord international avec le Saint-Siège en 2011, ce qui lui offre un cadre normatif plus stable, a encore ajouté le chef de l’Eglise catholique. Dans un entretien au magazine français Famille Chrétienne, Mgr Vladimir Fekete, préfet apostolique d’Azerbaïdjan, affirmait que par le passé, l’Eglise catholique était considérée comme une «secte» dans ce pays caucasien.

Le pape François a dit une nouvelle fois sa préoccupation que la violence ne puisse se réfugier «derrière le saint nom de Dieu». «L’attachement aux valeurs religieuses authentiques», a-t-il conclu, est tout à fait incompatible avec la volonté d’imposer par la violence ses propres visions. (cath.ch-apic/imedia/ap/be)

Char arménien détruit sur la frontière du Haut-Karabakh | © Jacques Berset
2 octobre 2016 | 15:36
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!