La foi n’est pas un «superpouvoir», affirme le pape aux catholiques d'Azerbaïdjan

A peine arrivé sur le sol de l’Azerbaïdjan, dimanche 2 octobre 2016, le pape François a célébré la messe à Bakou, la capitale, pour les quelque 500 fidèles catholiques que compte le pays. Si en Géorgie orthodoxe le pape François était déjà aux périphéries de la foi catholique, il est en Azerbaïdjan, pays très majoritairement musulman, aux périphéries de la foi chrétienne.

Au cours de son homélie prononcée en italien, le successeur de Pierre a insisté sur deux points essentiels: «la foi et le service».

«Dieu change le monde en changeant nos cœurs», a affirmé le pape François au début de son homélie, dans la petite église de Notre-Dame de l’Immaculée Conception, à Bakou, consacrée il y a 9 ans seulement. «Et cela, il ne peut le faire sans nous», a-t-il ajouté aussitôt. «Le Seigneur désire en effet que nous lui ouvrions la porte de notre cœur» et c’est cela qui s’appelle «la victoire remportée sur le monde: c’est notre foi». Parce que, a-t-il précisé, «lorsque Dieu trouve un cœur ouvert et confiant, là il peut accomplir des merveilles».

Mais la foi, a continué le pape François, est un «don de Dieu», mais elle doit aussi être cultivée: ce n’est pas une force magique ni un superpouvoir. Elle ne peut pas non plus être confondue avec le «bien-être», ou avec «le fait de se sentir bien», «d’être consolé».

La foi est un «fil d’or qui nous relie à Dieu»

La foi, pour le pontife, est avant tout «un fil d’or qui nous lie au Seigneur». Mais notre part, a expliqué le pape, est le service. A l’image de l’art traditionnel du tissage du tapis azerbaïdjanais (inscrit par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, ndlr), de «véritables chefs d’œuvre»: ils sont, a-t-il affirmé aux fidèles dont certains étaient restés dehors, tissés par «la trame de la foi et la chaîne du service». Et le service, a encore poursuivi le successeur de Pierre, suppose une «disponibilité totale, une vie mise pleinement à disposition, sans calculs et sans bénéfices», à l’imitation du Seigneur «qui nous a aimés jusqu’au bout».

Le pape François a ensuite développé les tentations qui «éloignent du service»: l’une d’entre elles consiste à «laisser le cœur s’attiédir», à se contenter d’une vie médiocre. «Le tiède, a expliqué le pape, réserve à Dieu et aux autres des ›pourcentages’ de son temps et de son cœur (…), en cherchant toujours à économiser».

«Vous êtes la petite communauté du Cénacle»

Au troisième jour de son voyage apostolique en Géorgie et en Azerbaïdjan, le pape François a souhaité beaucoup de courage aux catholiques, après la prière de l’angélus et la messe célébrée à l’église Notre-Dame de l’Immaculée Conception, à Bakou.

Le pape François a encouragé les quelque centaines de fidèles catholiques à persévérer dans la foi: «Vous êtes une communauté des périphéries», comparable à la «petite communauté du Cénacle» à Jérusalem. Rappelant les années de persécutions, il les a encouragés à aller de l’avant pour annoncer Jésus-Christ, avec l’aide de la «Mère», la Vierge Marie, et avec la «force» de l’Esprit-Saint, qui donne «l’amour fraternel» comme Il l’a fait pour les apôtres.

C’est pour cela que le pape a parcouru tant de kilomètres, s’est-il exclamé. «Courage, en avant, sans peur, ›go ahead’ !», a conclu le successeur de Pierre. A la fin de la messe, le pontife s’est vu offrir un tapis, spécialité azérie, et il a en retour offert un calice à l’unique paroisse de Bakou.

Tonalité politique

Après un déjeuner au centre salésien tout proche de la paroisse, qui récupère des centaines de garçons de familles pauvres, la suite du programme papal aura une tonalité plus politique et interreligieuse, dans ce pays en proie à un conflit majeur.

Le pape effectuera une visite de courtoisie au président de la République d’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev. Ce dernier a «hérité» de ce poste après le désistement de son père Heydar Aliyev, en 2003, avant d’être réélu pour la troisième fois, avec plus de 85% des voix. Suivront une visite au monument pour l’indépendance, acquise il y a 25 ans, et une rencontre avec les autorités du pays, au centre «Heydar Aliyev», où le pape prononcera un discours.

Plus tard dans la journée, un entretien privé aura lieu entre le pape François et le cheikh des musulmans du Caucase à la mosquée «Heydar Aliyev», suivi d’une rencontre avec les différentes religions, dans ce pays à large majorité musulmane (plus de 90%), dont 70% de chiites. Ce sera le premier contact du pape avec cette branche de l’islam, minoritaire dans le monde musulman. Y participeront notamment l’évêque orthodoxe de Bakou et le président de la communauté hébraïque du pays.

Des chrétiens très minoritaires

Les chrétiens d’Azerbaïdjan, pour la plupart orthodoxes – excepté quelques centaines de catholiques – représentent moins de 5% de la population. Le Saint-Siège, qui a établi des relations diplomatiques avec l’Azerbaïdjan en 2011, réclame de longue date une plus grande liberté religieuse au sein de cette ancienne République soviétique.

Le chef de l’Eglise catholique devra aussi composer dans ses discours avec la reprise des hostilités dans la région séparatiste du Haut-Karabakh, dans un conflit sanglant opposant forces azerbaïdjanaises et arméniennes, qui a déjà fait 30’000 morts. (cath.ch-apic/imedia/ap/be)

Bakou Le pape François célèbre la messe dans l'église de Notre-Dame de l’Immaculée Conception
2 octobre 2016 | 12:13
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 4  min.
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