Le Père Engelmar Unzeitig, «l'ange de Dachau», a été béatifié
La béatification d’Engelmar Unzeitig a été célébrée le 24 septembre 2016, à Würzburg, en Allemagne. Surnommée ‘l’ange de Dachau’, le Père Unzeitig est mort le 2 mars 1945, en martyr de la foi au camp de concentration de Dachau.
Le représentant du pape, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, a présidé à la messe de la béatification, qui s’est déroulée dans la cathédrale de Würzburg en présence de Mgr Friedhelm Hoffmann, évêque de Würzburg et du ministre tchèque de la culture, Daniel Herman.
Né le 1er mars 1911 à Greifendorf, en République tchèque aujourd’hui, le Père Unzeitig rentre à 17 ans chez les Missionnaires de Mariannhill et y reçoit le nom d’Engelmar. Il est ordonné prêtre à 28 ans, en 1939, et choisit comme devise: «Si personne ne veut y aller, j’irai!». Il exerce son ministère à Glöckelberg, en Bohême. Ses prises de position contre le régime nazi lui valent d’être traqué, puis arrêté par la Gestapo en avril 1941.
Mort en martyr
D’abord incarcéré à Linz, il est déporté au camp de concentration de Dachau, sans jugement, le 8 juin 1941. Sur place, il commence à apprendre le russe afin de mieux aider les prisonniers d’Europe orientale. Il soutient ses frères dans la foi, partage ses rations alimentaires avec eux et, en 1944, soigne et réconforte ceux qui ont contracté le typhus. Il donne les derniers sacrements à des centaines de mourants. Ayant aussi contracté la typhoïde, le Père Unzeitig s’éteint le 2 mars 1945, quelques semaines avant la libération du camp par les Américains.
«La grâce de Dieu Tout-Puissant nous aide à surmonter tout obstacle, a écrit le Père Unzeitig dans une lettre envoyée à sa sœur. L’amour double notre force, nous rend inventifs, heureux et libres… Même derrière les plus grands sacrifices et les pires souffrances, Dieu est là, avec son amour paternel».
Le Père Engelmar Unzeitig a été déclaré vénérable par le pape Benoît XVI en 2009. Le 21 janvier 2016, le pape François a reconnu son martyr: un autre »miracle» n’est pas nécessaire pour sa béatification. Pour sa canonisation, il faudra la reconnaissance d’un miracle comme dû à sa prière d’intercession.
L’ange de Dachau
Sorties clandestinement du camp, ses cendres ont été enterrées au cimetière de Würzbourg, avant d’être rendues aux Missionnaires de Mariannhill, en 1968. Surnommé «l’ange de Dachau» par les survivants, le Père Unzeitig permet encore aujourd’hui de faire mémoire de la réconciliation entre les peuples. En effet, Allemands et Tchèques se retrouvent régulièrement pour prier ensemble en souvenir de ce martyr de la Foi.
La baraque des prêtres, lieu de persécution et de communion
Plusieurs autres prêtres morts à Dachau ont été béatifiés, notamment Karl Leisner, qui avait été ordonné en détention, le 17 décembre 1944. Cette messe clandestine avait été présidée par l’évêque de Clermont-Ferrand, Mgr Gabriel Piguet, qui était lui aussi déporté. L’ordination, conforme aux règles canoniques, avait pu se dérouler grâce à la complicité d’une jeune fille employée dans le camp.
En 1996, au stade olympique de Berlin, le Pape Jean-Paul II avait présidé la béatification de Karl Leisner, décédé en 1945, quelques semaines après sa libération, en utilisant la crosse épiscopale de Mgr Piguet.
Les derniers témoins directs de cette déportation se sont éteints récemment: le prêtre allemand Hermann Scheipers, considéré comme le dernier survivant de la baraque de Dachau, est décédé le 2 juin dernier à l’âge de 102 ans. Le franciscain Éloi Leclerc, qui lui n’avait passé que quelques heures à Dachau avant sa libération par les troupes américaines, est décédé le 13 mai dernier. (cath.ch-apic/ag/bh)