Pape François: Le monde est fatigué des prêtres ou des évêques «à la mode»
«Le monde est fatigué des charmeurs menteurs. Et je me permets de dire, des ›prêtres à la mode’ ou des ›évêques à la mode’», a improvisé le pape François, le 16 septembre 2016 au Vatican, devant quelque 150 nouveaux évêques du monde entier.
Les invitant à «rendre pastorale la miséricorde», le pape leur a aussi demandé de se méfier des «prêtres rigides», car «cela cache toujours quelque-chose de mauvais». Il les a enfin incités à privilégier «la qualité» avant «la quantité» des vocations.
Attention aux «prêtres rigides»
C’est dans la salle Clémentine du Palais apostolique que le pape François a reçu les 154 nouveaux évêques du monde entier ordonnés ces 12 derniers mois. Ils participent actuellement au cours annuel de formation promu par la Congrégation pour les évêques et la Congrégation pour les Eglises orientales. Cette année, le pape François a notamment développé trois recommandations pour «rendre pastorale la miséricorde».
Première recommandation de l’évêque de Rome: être des évêques «capables d’enchanter et d’attirer», en faisant de leur ministère «une icône de la miséricorde». Attention à ne pas «attirer à soi-même», mais bien au Dieu proche et miséricordieux.
«Les gens ›flairent’ et s’éloignent quand ils reconnaissent les narcissiques, les manipulateurs, les défenseurs de leurs propres causes, les commissaires-priseurs de vaines croisades», a-t-il encore averti.
Le chef de l’Eglise catholique a ensuite encouragé ses évêques à être «capables d’initier ceux qui vous ont été confiés». Aujourd’hui, «on demande trop de fruits d’arbres qui n’ont pas été assez cultivés, a-t-il regretté. On perd le sens de l’initiation». Et le pape d’expliciter sa réflexion: «Pensez (…) à la transmission tant des contenus que des valeurs, à l’analphabétisme affectif, aux parcours de vocation, au discernement dans les familles», autant de choses qui méritent patience et constance et sont «les signes qui distinguent le bon pasteur d’un mercenaire».
«Toucher la chair blessée»
Cette phase d’initiation mérite deux attentions particulières, a souligné le pape: ne pas se laisser tenter par la quantité des vocations, mais chercher plutôt sa «qualité». Et «soyez attentifs quand un séminariste se réfugie dans les rigidités, a insisté le pape. Cela cache toujours quelque-chose de mauvais».
Troisième et dernière recommandation du pape aux nouveaux évêques: être capables d’accompagner, de «toucher la chair blessée». En premier lieu, accompagner leur propre clergé, en agissant avec grande prudence et responsabilité dans l’accueil des candidats ou dans l’incardination de prêtres dans leurs Eglises locales. Enfin, les familles et «surtout celles les plus blessées» requièrent un accompagnement spécial. «Mettez devant leurs yeux la joie de l’amour authentique, a-t-il insisté. (…) Beaucoup devront porter sur elles le poids de l’avoir irrémédiablement perdue. Je vous prie de leur tenir compagnie dans le discernement et avec empathie». (cath.ch-apic/imedia/bl/be)