Brésil. la bannière du Cri des exclus
International

Brésil : 22e Cri des exclus sur fond d’instabilité politique

Pour la 22ème fois depuis 1995, des dizaines de milliers de personnes ont défilé le 7 septembre 2016 dans les rues des grandes métropoles brésiliennes à l’occasion de la Fête de l’Indépendance dans le cadre du «Cri des exclus».

La manifestation avait choisi cette année le slogan : «Ce système est insupportable : il exclut, dégrade et tue», basé sur le discours prononcé par le pape François lors de son voyage en Bolivie, en juillet 2015. Organisé par des mouvements sociaux et des pastorales catholiques, cette manifestation se veut un espace d’animation et de prophétie, toujours ouvert et pluriel, regroupant des personnes, des entités, des églises et des mouvements sociaux engagés dans les causes des exclus.La première édition a eu lieu en 1995, avec l’objectif d’approfondir le thème de la Campagne de Fraternité de la même année. En 1999, le Cri de Exclus a sauté les frontières pour s’étendre sur tout le continent.

«Construire une société où la vie est privilégiée»

Affirmant sa farouche indépendance, le Cri des Exclus revendique depuis sa naissance son autonomie à l’égard de l’Église, des syndicats et des pastorales même si la plupart de ses membres en sont issus. «l’oecuménisme est vécu dans la pratique des luttes, rappelle le site internet (www.gritodosexcluidos.org/), car nous comprenons que les moments de célébrations oecuméniques sont importants pour renforcer l’engagement.»Ari Alberti, de la Coordination du Cri des Exclus, rappelle d’ailleurs que l’événement est né avec l’idée de « construire un projet populaire de société, suggérer une autre proposition où ce n’est pas l’économie qui est privilégiée, mais la vie. Après 22 ans nous percevons que les changements structurels n’ont pas été réalisés au Brésil. Il y a eu des améliorations mais nous voulons des changements. »

Cri des exclus sur fond de ‘coup d’État’

Cette année, la destitution de Dilma Rousseff, le30 août, est au coeur des débats. «Aujourd’hui, avec ce coup d’état au Brésil, nous redoutons de perdre des droits conquis historiquement, explique Lidiane da Silva, responsable d’une association d’aide aux sans domicile fixe de Salvador de Bahia, au nord-est du Brésil. Cela va faire augmenter la force de notre cri, car nous nous attendons à un démantèlement du système de prévoyance sociale et de tout ce que nous avons gagné au prix de luttes historiques.»Un système insupportableUn sentiment partagé par Mgr Milton Kenan Junior, évêque du diocèse de Barretos, dans l’état de Sao Paulo, au sud du Brésil qui reprend à son compte et développe les propos du pape François. « Ce système est insupportable. C’est un système qui fait la sélection entre ceux qui méritent et ceux qui ne méritent pas, ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas. C’est un système qui exclut et génère une grande masse d’humains vivant dans les périphéries du monde, sans accès à ce qui est fondamental et nécessaire à la vie. Il entraîne une grande partie de gens à se contenter des miettes qui tombent de la table. C’est un système qui empêche la grande majorité des personnes à avoir accès aux conditions de vie basiques.» (cath.ch-apic/jcg/mp)

Brésil. la bannière du Cri des exclus
7 septembre 2016 | 17:39
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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