Frère Thomas Michelet : «l’homme est le porte-parole de la Création»
A l’occasion de la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création, le 1er septembre 2016, I.MEDIA a interrogé le Frère Thomas Michelet, dominicain de la province de Toulouse, à l’ouest de la France. Enseignant à l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin (Angelicum) à Rome, il est l’auteur de Les papes et l’écologie (ed. Artège), qui paraît ce jour.
Comment comprenez-vous le titre de l’homélie du Père Cantalamessa lors des Vêpres pour la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création à la basilique Saint-Pierre: «Prier pour la Création, ou avec la Création»?
Prier pour la Création, c’est prier pour une cause parmi d’autres – l’environnement – qui nous touche, mais dans laquelle on n’est pas directement impliqué. Tandis que prier avec la Création, c’est en faire partie. C’est l’un de nous. Et elle nous renvoie au Créateur.
Le monde a été fait pour cela, pour louer Dieu. A d’autres moments, l’homme prie pour la création, intercédant et offrant toutes les créatures au Seigneur. L’homme est ainsi le seul à faire le trait d’union entre le monde spirituel, celui de Dieu et des anges, et le monde matériel, celui du reste de la Création. Il est le porte-parole de la Création vis-à-vis de Dieu, parce que seul créé à l’image de Dieu.
Le pape François parle de responsabilité à la fois individuelle et collective. Y a-t-il un péché contre la Création?
Le péché ne se limite pas à la sphère privée ; elle concerne aussi le respect du bien commun. Ce qui est nouveau, c’est cette extension de la notion de bien commun aux générations futures. Déjà saint Thomas d’Aquin disait que le bien commun de l’Univers, c’est Dieu. Celui qui aime Dieu aimera ses œuvres. Or la Création est l’œuvre de Dieu. Celui qui dit qu’il aime Dieu et qui n’aime pas ses frères dans la Création est un menteur.
L’Eglise est-elle à la traîne de l’écologisme?
L’Église est experte en humanité, mais elle n’est pas experte en sciences. L’expertise de l’Église ne se situe pas à ce niveau. Il ne s’agit pas non plus de reproduire un discours d’écologie politique, ou encore moins de suivre l’écologisme comme idéologie. La compétence propre de l’Église se situe ailleurs. Sa charge est de transmettre le point de vue de Dieu sur sa Création, tel qu’il nous l’enseigne dans la Révélation. Cela revient donc à enseigner la théologie de la Création.
Est-ce important pour l’évangélisation?
La question écologique est clairement une porte d’entrée qui peut toucher le monde d’aujourd’hui, et particulièrement les jeunes. Il ne s’agit pas pour l’Église de surfer sur la vague verte, de rattraper son retard en la matière. Il s’agit d’annoncer l’Évangile. Et pour cela, l’Église a 2000 ans d’avance, et même davantage avec le récit de la Création dans la Genèse. C’est un message qui peut sauver le monde, un trésor à partager, qu’elle avait un peu oublié. Car la théologie de la Création n’est pas tellement enseignée. Il faut la redécouvrir, pour annoncer d’une manière nouvelle l’Évangile de toujours. (cath.ch-apic/imedia/ap/rz)