La confession de Benoît XVI: «Trop fatigué, j'ai quitté le ministère de Pierre»
Pour Benoît XVI, aujourd’hui âgé de 89 ans, sa renonciation au siège de Pierre en 2013 était un devoir qui s’est imposé à lui. C’est ce que le pape émérite a confié au théologien Elio Guerriero dans un entretien publié le 24 août 2016 par le quotidien italien La Repubblica.
Depuis sa renonciation en février 2013, Benoît qui vit retiré dans le monastère des jardins du Vatican s’est rarement exprimé en public. Si tout le monde attend avec impatience Les dernières conversations avec le journaliste allemand Peter Seewald, à paraître en septembre prochain, Benoît XVI en a donné en quelque sorte un avant-goût au théologien italien Elio Guerriero, directeur de l’édition italienne de la revue Communio.
Il s’exprime d’abors sur les motifs et les circonstances de sa démission. Après le voyage au Mexique et à Cuba au début 2012, Benoît XVI ne se sentait plus la capacité d’entreprendre le long voyage du Brésil pour les Journées mondiales de la jeunesse. Pour lui, par respect pour la tradition instaurée par Jean Paul II, la présence physique du pape aux JMJ était indispensable et une vidéo-conférence n’était pas une alternative. «A partir de là, je devais décider, dans un temps relativement court la date de ma retraite», explique-t-il.
«Continuer ma prière»
Si la nouvelle de son départ a surpris tout le monde, y compris les cardinaux, le choix de continuer à résider au Vatican a également été sujet à discussion. «J’avais visité plusieurs fois le monastère Mater Ecclesiae depuis ses origines. Souvent, j’y étais allé pour assister à vêpres, pour célébrer la sainte messe pour les religieuses qui s’y étaient succédées», note Benoît XVI. A l’époque, Jean Paul II avait décidé que la maison, qui avait auparavant servi de logement au directeur de radio Vatican, allait devenir un lieu de prière contemplative. Après avoir appris que le ‘bail’ des sœurs de la Visitation allait expirer au printemps, Benoît XVI explique avoir pris conscience naturellement «que ce serait l’endroit où je pouvais choisir ma façon de continuer la prière selon ce que Jean-Paul II avait voulu pour cette maison.»
La compagnie de Jésus de la Vierge et des saints
Interrogé sur les raisons de sa sérénité, le pape émérite explique: «Je serais vraiment inquiet si je n’étais pas convaincu, comme je l’ai dit au début de mon pontificat, d’être un simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur. Dès le début, j’ai été conscient de mes limites et j’ai accepté». Il souligne avoir fait confiance à Jésus à qui «je me sens lié par une amitié ancienne et toujours plus profonde.» Il y aussi la Mère de Dieu et les saints, «mes compagnons de voyage d’une vie: Augustin et Saint Bonaventure, mes maîtres spirituels, mais aussi saint Benoît et saint François d’Assise.»
Une profonde amitié avec le pape François
Le pape émérite revient aussi sur sa relation avec son successeur le pape François. A ceux qui y voient une certaine distance, il répond: «L’obéissance à mon successeur n’a jamais été mise en doute. Il y a un sentiment de profonde communion et d’amitié. (…)Personnellement, j’ai été profondément touché dès le premier moment par la disponibilité humaine extraordinaire de François. (…) Il m’a fait un don d’une merveilleuse relation paternelle-fraternelle. Je reçois souvent ici de petits cadeaux, des lettres personnelles. Avant de se lancer sur les longs trajets, le pape ne manque jamais de me rendre visite.»
Serviteur de Dieu et de l’humilité
Elio Guerriero publie une nouvelle biographie de Benoît XVI dont la sortie en librairie est prévue le 30 août. L’ouvrage, intitulé Serviteur de Dieu et de l’humilité, est préfacé par le pape François. Le Souverain pontife, dans cette préface, rend un vibrant hommage à son prédécesseur, «dont la présence discrète et la prière pour l’Église constituent un appui et un réconfort» pour son ministère.(cath.ch-apic/rp/mp)