Russie: Un mufti se prononce pour les mutilations génitales féminines
Le mufti Ismail Berdiev, président du Centre de coordination des musulmans dans le Caucase du Nord, en Russie, s’est prononcé le 17 août 2016 pour l’excision des musulmanes de Russie, afin de réduire la sexualité des femmes modernes.
Le responsable religieux musulman estime même qu’il faudrait appliquer ces mutilations génitales à toutes les femmes, «car Dieu a créé les femmes pour faire des enfants et les éduquer», et l’excision n’empêche pas de donner naissance à des enfants. «Il y aurait ainsi moins de corruption», a-t-il encore asséné.
Des propos qui scandalisent
Ces propos, qui ont créé le scandale, ont été tenus au lendemain d’un rapport de l’ONG «Initiative de la justice russe» sur les mutilations génitales féminines au Daghestan, une République du Caucase russe dont la population est essentiellement musulmane.
Cette organisation de défense des droits humains a interrogé des dizaines de femmes au Daghestan. Il s’avère que cette pratique existe dans certains villages et communautés et que l’opération est généralement réalisée à domicile par des personnes sans formation médicale. Ce genre d’intervention mutilante laisse souvent de graves séquelles chez les victimes de cette pratique d’un autre âge.
Des dizaines de milliers de femmes mutilées
S’il est impossible d’obtenir des chiffres sur un tel sujet, l’ONG affirme que depuis les années 1970 des dizaines de milliers de femmes auraient subi ce genre de mutilations génitales, effectuées habituellement avant l’âge de trois ans.
Il s’agirait, pour les populations qui pratiquent l’excision des fillettes, de supprimer la sensibilité des organes génitaux, et, par conséquent, d’éviter un «comportement immoral». Pour les partisans des mutilations génitales, il s’agirait de «protéger la femme du péché», pour éviter «des divorces et de la débauche dans la société».
Le mufti rétropédale
Le mufti Berdiev, face au tollé provoqué par son interview à l’agence de presse russe Interfax, a rétropédalé, affirmant que ses propos avaient été mal interprétés, allant même jusqu’à prétendre qu’il avait plaisanté. Il avait encore affirmé que l’excision n’était pas en contradiction avec les principes de l’islam, mais qu’elle permettait de garantir la pureté des futures épouses.
Des responsables musulmans en Russie se sont également indignés. Le vice-président du Conseil des muftis russes, Rouchan Abbyassov, a ainsi indiqué qu’Allah interdisait de se mutiler et que l’excision était étrangère à la religion islamique. (cath.ch-apic/interfax/be)