A Lesbos, le pape est allé à la rencontre des réfugiés (Photo d'illustration: Charles-André Habib/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
Vatican

Le pape François déjeune avec des réfugiés syriens hébergés à Rome

Le pape François a déjeuné avec un groupe de 21 réfugiés syriens à la Maison Sainte-Marthe, au Vatican, pris en charge par la Communauté Sant’Egidio, à Rome. C’est ce qu’a indiqué le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Greg Burke, le 11 août 2016.

Il s’agit des familles que le pape avait fait venir en Italie après sa visite sur l’île grecque de Lesbos, le 16 avril dernier. Un premier groupe avait été invité à bord du vol papal, à son retour de Lesbos, puis un autre était arrivé de Grèce en Italie à la mi-juin dernier.

«Tant les adultes que les enfants ont eu la possibilité de parler avec le pape François des débuts de leur vie en Italie, a indiqué Greg Burke dans une déclaration écrite. Les enfants ont offert au Saint-Père un ensemble de leurs dessins, et le pape François a échangé des jouets et d’autres dons». Le substitut de la Secrétairerie d’Etat, Mgr Angelo Becciu; Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté Sant’Egidio, et des bénévoles; le commandant de la Gendarmerie vaticane et deux autres gendarmes qui avaient collaboré au transfert des familles depuis Lesbos vers l’Italie, ont participé à la rencontre, qui a duré près d’une heure quarante.

Pris en charge par la Communauté Sant’Egidio

Après avoir ramené 12 réfugiés syriens musulmans bloqués sur l’île grecque de Lesbos à bord de l’avion papal le 16 avril, le Vatican avait en effet accueilli neuf nouveaux réfugiés syriens, dont deux chrétiens, en provenance de cette île, le 16 juin. Ils avaient été escortés jusqu’à Rome depuis Athènes par la Gendarmerie vaticane, avec la collaboration du ministère grec de l’Intérieur, du Greek Asylum Service et de la Communauté Sant’Egidio. Puis ils avaient rejoint les autres familles de réfugiés syriens à la «Maison du refuge» de cette communauté de laïcs catholiques, située dans un immeuble du quartier romain du Trastevere.

Depuis, les réfugiés ont tous entamé des démarches pour une demande d’asile en Italie, et pris des cours d’italien dans une école d’intégration pour les immigrés tenue depuis 30 ans par Sant’Egidio. Les trois premières familles arrivées le 16 avril ont déjà rempli toutes les procédures administratives et sont désormais «reconnues comme réfugiées», et «en attente du permis de séjour électronique avec validité de cinq ans», précise le quotidien du Saint-Siège, L’Osservatore Romano, dans son édition du 12 août.

Pour les autres familles arrivées le 16 juin, certaines procédures sont complétées et d’autres encore en cours. Tous ont reçu l’aide médicale à laquelle ils n’avaient pas accès aux camps de réfugiés de Lesbos.

Le pape à l’écoute de la détresse des réfugiés

Pendant le déjeuner, le pape a écouté, un à un, les histoires de tous ces réfugiés. Nour (interrogée par I.MEDIA en avril), microbiologiste, et son mari Hassan, ingénieur agronome, ainsi que leur fils de deux ans, Ryad, ont fui leur ville, Al Zapatani, bombardée continuellement. Ils étaient arrivés à bord d’un canot pneumatique sur l’île de Lesbos après 12 jours de voyage entre la Syrie et la Turquie.

Selon L’Osservatore Romano, ils cherchent désormais un travail et Nour s’apprête à postuler aux bourses universitaires pour un doctorat, forte de ses études en France. Ils vivent désormais dans un appartement de deux pièces dans le centre historique de Rome, mis à disposition par une bienfaitrice.

Ahad Ramy Al Sharkaji et Shuhila Ayiad, la cinquantaine, et leurs trois enfants Rachid, tout juste 18 ans, Abdelmajid, 16 ans, et Kudus, 8 ans, sont originaires de Deir el-Zor, une région de Syrie sous contrôle de Daech, le soi-disant «Etat islamique». Ramy est décorateur de meubles et Shuhila couturière. Ils ont fui après que leur maison ait été bombardée. Leur petite fille, ont-ils raconté au quotidien du Saint-Siège, «a assisté à la mort de son grand père touché par une balle alors qu’il était à la fenêtre».

Refus d’être enrôlés dans l’armée

Ils vivent désormais près de la via Cassia au nord de Rome, dans un logement mis à disposition par les religieuses de Marie Immaculée. Kudus et Abdelmajid vont à l’école dans un institut tenu par des religieuses dans le Trastevere. Les deux plus grands pourraient bientôt travailler dans un restaurant.

Plusieurs autres réfugiés arrivés le 16 juin ont fui des zones contrôlées par Daech près de Homs, ou fui Alep, ville assiégée par les combats entre l’armée syrienne et la coalition de djihadistes et de rebelles syriens, après que leur maison ait été bombardée. Outre deux familles, trois jeunes font partie de ce second groupe venu de Lesbos, dont deux jeunes chrétiens, un catholique et un syro-orthodoxe, âgés de 28 ans. Beaucoup ont refusé de se faire enrôler dans l’armée ou étaient menacés par l’Etat islamique.

Au début du repas, le pape a prié «pour cette famille» et pour que «le Seigneur nous donne la paix dans notre terre». «Vous êtes venus ici sans savoir où vous seriez allés», a commenté le pape après avoir remis personnellement des cadeaux aux enfants. Il a ensuite confié avoir été particulièrement touché par le climat de joie dans lequel vivent les familles.

Paix en Syrie et accueil des réfugiés

Ces derniers mois, le pape François a lancé des appels réguliers pour faire cesser la guerre en Syrie. «Il est inacceptable que tant de personnes sans défense – et tant d’enfants – doivent payer le prix du conflit (…) et du manque de volonté des puissants», avait-il déclaré lors de la prière de l’Angélus le 7 août. Dans une vidéo diffusée le 5 juillet, il avait soutenu que «la paix en Syrie» était possible et appelé à la création d’un «gouvernement d’unité nationale».

Le pape a aussi redoublé de gestes symboliques pour appeler à la solidarité envers les réfugiés. Le 3 août, il a rencontré au Vatican 65 enfants réfugiés originaires d’Erythrée, d’Egypte et de Syrie, peu avant son audience générale. Deux jours après la Journée mondiale des réfugiés, le 22 juin, il avait soutenu que «le chrétien n’exclut personne», lors de son audience générale hebdomadaire, ajoutant que «les réfugiés sont nos frères». Une quinzaine de réfugiés assistés par la Caritas de Florence s’étaient alors installés aux pieds du pape François. (cath.ch-apic/imedia/bl/be)

A Lesbos, le pape est allé à la rencontre des réfugiés (Photo d'illustration: Charles-André Habib/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
11 août 2016 | 17:47
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 4  min.
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