Mgr Paul-André Durocher, évêque de Gatineau (Photo: Filckr/catholicnews.org.uk/CC BY-NC-SA 2.0)
International

Mgr Durocher: «Nous étudions sérieusement la question du diaconat féminin»

Pendant le synode sur la famille d’octobre 2015, Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau et président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, avait fait une intervention remarquée pour défendre l’accès des femmes au diaconat permanent. Interrogé par I.MEDIA, il se réjouit de la mise en place de cette commission et évoque sa portée.

Que pensez-vous de la mise en place de cette commission d’étude sur le diaconat des femmes, et de la rapidité du pape à répondre à la demande de l’UISG?

Je me réjouis de cette décision. J’avais proposé au synode qu’on étudie la question, et voilà que le pape François décide d’avancer dans cette voie. Évidemment, la rencontre avec l’UISG a été l’occasion pour lui de réfléchir à voix haute sur cette possibilité, et il s’est engagé – spontanément, semble-t-il – à établir un comité d’étude. La rapidité avec laquelle il a formé ce comité me rappelle l’urgence qui l’avait poussé à réformer la procédure en nullité de mariage. J’ai l’impression que notre pape, une fois décidé, ne tarde pas à agir. Je me félicite de la composition du comité, qui comprend autant de femmes que d’hommes, y inclus une Américaine qui milite depuis longtemps pour l’ordination des femmes (Phyllis Zagano, ndlr). C’est un signe du sérieux avec lequel François engage cette démarche.

«Ce que je soutiens, c’est la nécessité de se pencher concrètement sur le rôle des femmes dans l’Église».

Selon vous, cette commission peut-elle recommander au pape d’ouvrir la voie au diaconat féminin? Le pape pourrait-il suivre un avis positif?

Que conclura la commission? Que décidera le pape? Nous le verrons bien. Une chose est d’étudier la question du point de vue théologique, ce qui semble être le mandat de cette commission. Une autre est de juger la pertinence pastorale d’avancer dans cette voie. Enfin, toutes sortes de questions canoniques et pratiques s’ensuivraient. Peut-être faudra-t-il des étapes subséquentes à celle-ci.

Pourquoi défendez-vous cette idée? Des catholiques s’inquiètent de ce qu’ils considèrent comme un premier pas vers l’ordination sacerdotale de femmes. Que leur répondez-vous?

Je n’ai jamais dit que les femmes doivent être ordonnées diacres. J’ai proposé qu’on étudie la question sérieusement, et c’est ce que l’on fait. Ce que je soutiens, d’abord et avant tout, c’est la nécessité de se pencher concrètement sur le rôle des femmes dans l’Église et de prendre les pas que nous pouvons pour accueillir leurs nombreux charismes et leur riche expérience. Aux personnes inquiètes que cela mènera inévitablement à l’ordination sacerdotale des femmes, j’ai deux réponses.

La première, plus théologique, est de rappeler les changements que Benoît XVI a apportés au Code de droit canonique pour bien différencier ces deux ordres. Chez nous, au Canada, la distinction est bien reçue et vécue. Les diacres permanents ne se prennent pas pour des ›mini-prêtres’, ils exercent un ministère particulier et les prêtres s’en réjouissent.

Ma seconde réponse, d’ordre plus pratique, est d’évoquer la résistance aux diacres permanents mariés il y a cinquante ans. D’aucuns maintenaient que cela ouvrirait la voie à l’ordination sacerdotale d’hommes mariés, alors que, dans les faits, ce mouvement ne s’est pas matérialisé. On s’inquiétait pour rien à l’époque. J’ai l’impression que l’on fait de même aujourd’hui. (cath.ch-apic/imedia/bl/pp)

Mgr Paul-André Durocher, évêque de Gatineau
8 août 2016 | 17:31
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!