«Les musulmans doivent réinventer une culture spirituelle»
Que faire face au déchaînement actuel du terrorisme islamiste? Le philosophe français soufi Abdennour Bidar avance avec clairvoyance des voies d’assainissement pour une civilisation arabo-musulmane victime d’un «cancer généralisé». Il plaide notamment pour «réinventer de fond en comble une authentique culture spirituelle».
«Ceux qui nous agressent aujourd’hui sont parmi les métastases les plus meurtrières d’un cancer généralisé de l’Islam – qui tue à travers ses éléments les plus pathogènes», lance Abdennour Bidar sur son blog, en réaction aux attaques djihadistes du mois de juillet, en France. Le philosophe identifie clairement les responsables du mal: «Nous recevons jusqu’ici les éclats d’une déflagration géante dont l’origine est le wahhabisme de l’Arabie saoudite. C’est elle l’épicentre du cancer». Il estime que cette région du globe a désormais «pourri le monde musulman tout entier avec l’argent de son pétrole, qui lui a donné le moyen maléfique de contaminer et de faire dégénérer une civilisation dans le néant de son propre obscurantisme, vide de toute spiritualité digne de ce nom».
Déclarer la fraternité
Pour Abdennour Bidar, la principale chose à faire pour les musulmans serait donc de «réinventer de fond en comble une authentique culture spirituelle – de paix, de non violence, de fraternité universelle, de liberté de chaque conscience face aux dogmes, aux normes et aux mœurs de la tradition, et enfin d’égalité entre les femmes et les hommes». Il préconise également de «déclarer la fraternité au lieu de déclarer la guerre, c’est-à-dire refuser le piège de la haine entre les identités et se solidariser dans l’affirmation de nos valeurs sans se laisser désunir par rien de ce qui nous agresse». Dans un éditorial suivant les attentats du 13 novembre, le penseur soufi avertissait en effet, en pointant en particulier l’extrême droite: «Ne tombons pas dans le piège de nous dresser les uns contre les autres, en écoutant les voix extrêmes qui voudraient nous faire croire que les musulmans de France sont l’ennemi de l’intérieur, et qui désignent plus largement les immigrés, les réfugiés, comme les responsables de nos problèmes de société».
Rompre les relations diplomatiques indignes
L’intellectuel musulman enjoint encore à avoir le courage de lutter non seulement contre la radicalisation des candidats au terrorisme mais également «d’interdire et punir sur notre territoire toute manifestation publique d’un islam intégriste, dont le critère simple est la contradiction avec notre culture – valeurs, lois, art de vivre». Pour lui, il convient également de «ne plus entretenir de relations commerciales et diplomatiques indignes et lâches avec des Etats musulmans fondés sur le pouvoir d’une religion archaïque, intolérante et expansionniste – Arabie Saoudite, Iran, etc.»
Il conclut en rappelant chacun la responsabilité de chacun face aux événements actuels. «Non musulmans et musulmans ensemble, à nous tous échoit le devoir de lutter pour la paix à toutes les échelles». (cath.ch-apic/com/rz)