Le Père Adolfo Nicolás quitte la direction des jésuites en octobre

Préposé général des jésuites depuis 2008, le Père Adolfo Nicolás quitte la direction des jésuites en octobre prochain. La Compagnie de Jésus se prépare en effet à la tenue de sa 36ème Congrégation générale qui s’ouvrira le 2 octobre, à Rome. A cette occasion, le religieux espagnol de 80 ans présentera sa démission à ses pairs.

La Congrégation Générale est libre d’accepter sa démission ou de ne pas l’accepter. Depuis que saint Ignace a été élu comme Supérieur général de la Compagnie de Jésus en 1540 et qu’il a écrit les Constitutions, le Supérieur général a toujours été élu à vie par une «Congrégation Générale» de jésuites, représentant les provinces du monde entier.

En principe élus à vie, comme les papes

Si, comme les papes, les préposés généraux sont théoriquement élus à vie, le Père Nicolàs avait fait savoir il y a deux ans déjà qu’il comptait se retirer en 2016, dans l’année de son 80e anniversaire, comme l’avait fait son prédécesseur, le Père Peter-Hans Kolvenbach, en 2008, rappelle la Curie des jésuites à Rome.

Ce serait une véritable surprise si la Congrégation Générale n’acceptait pas sa demande de démission, souligne le Père Adolfo Nicolás, interrogé par le Père Patrick Mulemi sur le site de la Curie générale.

Agilité et audace pour affronter l’avenir

«Je pense que l’ensemble de la Compagnie est consciente que nous avons besoin d’agilité et d’audace pour affronter l’avenir et qu’il n’est pas bon pour la Compagnie de passer par les incertitudes qui accompagnent les deux (ou plus) dernières années de service de chaque Supérieur général», souligne-t-il.

Certes, la Congrégation générale est libre d’accepter ou non sa demande de démission, mais «dans le cas où elle n’accepte pas ma demande, la Congrégation devra élire un vicaire et prévoir des solutions pour les années qui viennent, au cours desquelles mes capacités seront certainement grandement diminuées: un processus que je commence déjà à sentir à l’heure actuelle».

Un Espagnol polyglotte

Espagnol polyglotte – il est né le 29 avril 1936 à Villamuriel de Cerrato, dans la Province de Palencia -, le Père Adolfo Nicolás a fait ses classes chez les jésuites à Madrid, puis est entré au noviciat à 17 ans. Une fois sa licence de théologie obtenue en 1960, il part à Tokyo où il étudie à l’Université de Sophia. Ordonné prêtre en 1967 au Japon, il poursuit sa formation par un doctorat sur la «Théologie du progrès humain» à l’Université Grégorienne.

Défenseur d’une certaine autonomie pour les Eglises locales, relève Radio Vatican, le Père Nicolás demande aux missionnaires de se rendre «malléables et réceptifs à la culture de leur pays d’accueil». Tout d’abord enseignant de théologie systématique, il fut tour à tour directeur de l’Institut pastoral de Manille (1987-1984), supérieur des étudiants jésuites à Tokyo (1991-1993), puis Supérieur provincial des Jésuites du Japon, jusqu’en 1999.

Après trois ans passés auprès des émigrants pauvres de Tokyo, il devient Modérateur de la conférence des Provinciaux jésuites d’Asie Orientale et Océanie, en 2004, puis préposé général des jésuites en 2008.

Une Congrégation orientée vers l’imagination et le courage

Outre l’élection d’un nouveau préposé général, l’objectif de la Congrégation générale de cette année, qui fait l’objet d’une longue préparation en amont, est de «discerner comment améliorer notre vie religieuse et comment améliorer notre service de l’Eglise et de l’Evangile dans le service des âmes» confie le Père général au Père Patrick Mulemi.

Il ne s’agit plus de produire de longs documents dit-il, car les temps ont changé. «Nous avons besoin d’une capacité d’imagination renouvelée dans l’approche de notre mission (…), d’audace et de courage».

La tendance des trois dernières élections montre que les votants ont privilégié des jésuites n’appartenant pas aux proches collaborateurs de leur prédécesseur. Les regards se sont également tournés vers l’Asie où les vocations sont plus nombreuses qu’en Europe, relève Radio Vatican. Comme tous les jésuites, le Père Adolfo Nicolás espère une prise de parole du pape François lors de la Congrégation générale. (cath.ch-apic/radvat/sjweb.info/be)