JMJ: «Nous devons nous habituer aux bonnes et aux mauvaises choses», prévient le pape
Dans la soirée du 27 juillet 2016, le pape François a répondu dans une conversation vidéo à trois questions de jeunes Italiens réunis au sanctuaire saint Jean Paul II de Cracovie, portant sur divers traumatismes. L’un d’entre eux était issu d’un groupe ayant assisté à la fusillade meurtrière de Munich, en Allemagne, cinq jours plus tôt, au cours de son voyage vers la Pologne. Depuis une fenêtre de l’archevêché, le pape a ensuite rendu hommage à un volontaire décédé peu avant les JMJ. «Nous devons nous habituer aux bonnes et aux mauvaises choses», a-t-il alors prévenu.
Après une première journée dense à Cracovie, le pape François a répondu en direct, par connexion vidéo, depuis l’archevêché, aux questions de trois jeunes Italiens réunis au sanctuaire saint Jean Paul II, représentant leurs 90’000 concitoyens présents aux JMJ. La première question a été posée par un jeune encore traumatisé par l’accident ferroviaire survenu en Italie le 12 juillet dernier, ayant fait 23 morts. «La vie est pleine de cicatrices», a alors commenté le pape. «Apprendre à être un homme sage, une femme sage, a-t-il poursuivi, c’est justement cela: poursuivre les belles et mauvaises choses de la vie».
«Pardonner totalement est une grâce que nous devons demander au Seigneur»
Une jeune fille a ensuite raconté sa douloureuse histoire. Etrangère installée en Italie, harcelée par ses camarades de classe, elle a fait une tentative de suicide avant de se relever. Aujourd’hui, «je leur ai un peu pardonné (…) mais je suis encore mal (…) Comment je fais pour leur pardonner tout ce qu’ils m’ont fait?» a-t-elle demandé. Très touché par ce témoignage, le pape l’a remerciée plusieurs fois. Pardonner totalement est une grâce que nous devons demander au Seigneur, a-t-il répondu, prônant le «comportement de la douceur», pour lutter contre le «terrorisme des bavardages». «Etre silencieux, bien traiter les autres, ne pas répondre avec une autre chose méchante». La douceur de cœur est une grâce qui ouvre la voie du pardon, a-t-il conclu.
Témoin de la fusillade de Munich
Enfin, un jeune a évoqué son sort et celui de ses 350 compagnons italiens partis de Vérone, au nord de l’Italie, en direction de Cracovie, pour participer aux JMJ, qui ont dû interrompre leur voyage à Munich, cinq jours plus tôt, après avoir assisté «en personne», à une fusillade meurtrière. Contraints de rentrer chez eux, ce groupe a finalement pu reprendre la route pour la Pologne quelques jours plus tard. «Comment les jeunes peuvent-ils vivre et répandre la paix dans ce monde si rempli de haine?» a-t-il demandé au pape, lequel a invité à construire des ponts. «Parfois, tu veux faire un pont et ils te laissent la main tendue, et ne la prennent pas, a mis en garde le pape: ce sont les humiliations que l’on doit subir dans la vie pour faire quelque chose de bon».
Hommage à Maciej, 22 ans, décédé d’un cancer
Après quoi le pape François s’est montré à la fenêtre de l’archevêché de Cracovie, donnant sur une place où s’étaient rassemblés de nombreux fidèles, dont un groupe de jeunes handicapés et d’orphelins. Il a rendu un hommage appuyé à Maciej, 22 ans, décédé d’un cancer le 2 juillet dernier, sans avoir pu assister aux JMJ, après les avoir préparées. Etudiant en graphisme, c’est lui qui a dessiné les drapeaux, images des saints patrons ou encore du kit du pèlerin. «Dans ce travail, il a retrouvé la foi», a souligné le pape. «Il voulait arriver vivant pour la visite du pape! Il avait une place réservée dans le tram où voyagera le pape», s’est-il désolé.
«L’un d’entre vous peut penser: ›ce pape nous ruine la soirée’», a alors ironisé le pontife. «Mais c’est la vérité, et nous devons nous habituer aux bonnes et aux mauvaises choses. La vie est ainsi, chers jeunes». Il y a une chose dont on ne peut douter, a-t-il cependant ajouté. «La foi de ce jeune (…) qui a tant travaillé pour cette JMJ, l’a porté au Ciel». Le pape a alors invité les fidèles à remercier le Seigneur pour ces exemples de courages, de jeunes courageux «qui nous aident à aller de l’avant dans la vie». «N’ayez pas peur, n’ayez pas peur!» a-t-il enfin lancé, en écho à la célèbre phrase de son prédécesseur polonais. (cath.ch-apic/imedia/ami/bl/rz)