Les jmjistes ont rencontré les pensionnaires de la Société d'aide de Frère Albert, à Koszalin (Photo:Raphaël Zbinden)
Suisse

JMJ: Miséricorde à la polonaise

Au cours de ces JMJ placées sous le signe de la miséricorde, les jeunes Romands présents à Koszalin, au nord de la Pologne, ont une nouvelle fois vécu, le 22 juillet, une journée axée sur le questionnement et le recueillement. Entre visites de centres de charité, célébrations et spectacles, ils ont eu un goût de la manière dont l’Eglise catholique en Pologne exprime la miséricorde.

«Nous tous, chrétiens, sommes toujours insatisfaits, en recherche de l’amour de Dieu», a rappelé lors de la messe du matin, dans la cathédrale de Koszalin, Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF). Le prélat fribourgeois a fait le déplacement au bord de la Baltique pour accompagner les jeunes pèlerins dans leur démarche spirituelle. Lors de la célébration, il a fait montre de ses talents de polyglotte pour souligner, en espagnol, allemand, anglais et français que la figure biblique de Marie-Madeleine, fêtée ce jour même, était l’expression de cette quête perpétuelle de l’amour de Dieu. «Mais nous savons que cette quête prendra un jour fin et que nous aurons cet amour en plénitude», a-t-il conclu.

L’intervention de l’évêque a été très appréciée par les jeunes Romands. Ils ont relevé que c’était la première fois depuis leur départ qu’ils avaient pu ressentir, au cours d’une célébration, l’aspect universel des JMJ.

L’esprit de Frère Albert

Pour le reste de la matinée et le début d’après-midi, les jmjistes se sont répartis en petits groupes, qui ont visité des centres de charité liés à l’Eglise, dans la ville de Poméranie occidentale. La Caritas locale, une maison d’accueil pour mères en détresse, ou encore un centre de réinsertion pour sans abris étaient notamment au programme. Cath.ch a suivi le groupe qui s’est rendu à la Société d’aide de Frère Albert (Towarzystwo Pomocy im. Sw. Brata Alberta), à dix minutes en bus du centre ville. L’institution catholique accueille des personnes en difficulté sociale et en particulier sans logement. Elle les aide à retrouver un équilibre psychologique et spirituel aussi bien qu’une place dans la société, en les assistant dans la recherche d’un logement.

Le centre fait partie d’un réseau de 68 autres points d’activités répartis à travers la Pologne, qui s’inspirent du travail d’Adam Hilaire Chmielowski, dit Frère Albert. D’origine aristocratique, il est né en 1845 près de Cracovie, au sud de la Pologne, et est mort le jour de Noël 1916, dans l’ancienne capitale du pays. Dans les années 1870, il renonça à une carrière pourtant prometteuse de peintre pour s’occuper activement des pauvres, des malades abandonnés et des clochards dans la région de Cracovie. Devenu prêtre franciscain, il a fondé la congrégation des Frères du Tiers-Ordre de Saint François, Serviteurs des pauvres, aussi appelés Albertins.

Rencontrer le visage du Christ

La visite a suscité une profonde réflexion chez les jeunes Romands, qui ont rencontré les pensionnaires de l’établissement et écouté un exposé sur les importants problèmes sociaux auxquels est confrontée la Pologne. L’alcoolisme très présent dans certaines couches de la population cause notamment des pertes d’emploi et de logements pour de nombreuses personnes, également parfois très qualifiées. Les jmjistes ont été impressionnés par l’admirable travail réalisé par le centre, qui fonctionne en grande partie sur le bénévolat et sur les dons des fidèles. «Ce genre d’actes de charité dit quelque chose de très profond sur la relation que nous pouvons avoir avec Dieu», commente Mathieu, en première année au séminaire diocésain de LGF, à Givisiez. «Parce qu’ils représentent le visage du Christ, le fait d’aller vers ces ‘petits’ comme il est souligné dans l’Evangile de Matthieu, nous fait aussi rencontrer Jésus (…) Sans cela, je ne pense pas qu’il soit possible d’avoir une réelle qualité de vie spirituelle», conclut le séminariste.

Procession multicolore

La journée s’est poursuivie avec une procession multinationale, musicale et colorée de cinq kilomètres, de la cathédrale de Koszalin au sanctuaire de la Mère de Dieu Trois fois Admirable, sur la colline de Chelmska, à l’est de la ville. Les jeunes ont pu tout d’abord y écouter une présentation de Mgr Krzysztof Zadarko, évêque auxiliaire de Koszalin-Kolobrzeg, également responsable pour l’Eglise polonaise des questions d’immigration. Le prélat s’est principalement étendu sur les enjeux de ce phénomène en Pologne. Il a mis en avant le difficile équilibre à atteindre entre les légitimes craintes des fidèles face à l’immigration et le devoir chrétien d’ouvrir sa porte et son cœur à l’étranger. Il a conclu qu’il n’y avait pas, dans ce domaine, de réponses simples.

Son allocution a été suivie d’un spectacle improvisé où les diverses délégations présentes dans ce lieu ont parlé des spécificités de leur pays, puis interprété des chants et des danses typiques. Pour la Suisse, Mgr de Raemy a notamment parlé de la démocratie directe, de la neutralité et de la diversité culturelle qui caractérisent le pays.

En soirée, une adoration a permis aux jeunes de se tourner vers leur for intérieur pour donner un sens aux riches événements de la journée et les interpréter dans la perspective de la miséricorde. (cath.ch-apic/rz)

Les jmjistes ont rencontré les pensionnaires de la Société d'aide de Frère Albert, à Koszalin
23 juillet 2016 | 15:15
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 4  min.
Cracovie 2016 (30), JMJ (235), Pologne (187)
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