L’heure du bilan pour le Père Lombardi
Pontificat de Benoît XVI et du pape François, scandales de pédophilie, affaire Vatileaks, élection du premier pape jésuite de l’histoire… A trois semaines de son départ définitif de la direction du Bureau de presse du Saint-Siège, le 12 juillet 2016, le Père Federico Lombardi, interrogé par divers vaticanistes, dresse son bilan dans la presse italienne.
Durant ces dix dernières années, le porte-parole du Vatican aura «appris» à décrypter en profondeur «le message papal», le sens d’un pontificat, a-t-il expliqué au quotidien italien Il Fatto Quotidiano. Sous Benoît XVI, «j’ai su rejoindre la synthèse entre science et esprit, entre le maître de théologie et l’homme de foi», explique-t-il. Sous François, «le sens est l’Eglise en chemin», et le but est le «discernement, l’attitude qui vise à évaluer et distinguer pour résoudre les questions les plus délicates de la vie du monde (…) Tout choix de François, analyse encore le Père Lombardi, renforce le concept d’Eglise en chemin, c’est-à-dire non fermée , arrêtée ou sourde».
Un spin doctor pour le pape?
L’ancien supérieur des jésuites en Italie a aussi confié au quotidien italien La Stampa que l’élection du premier pape jésuite de l’histoire l’avait beaucoup ému. «J’ai mis une heure pour me reprendre après l’annonce, se souvient-il. Je n’avais absolument pas imaginé que l’on puisse élire un pape jésuite, un confrère (…) Son comportement m’est familier, assure-t-il encore, il y a une grande syntonie avec sa façon de vivre l’Eglise en chemin, en cherchant de comprendre la volonté de Dieu, et d’annoncer l’Evangile au monde dans la solidarité, surtout à ceux qui souffrent et qui sont pauvres».
Alors que le Père Lombardi a souvent dû, récemment, revenir sur certains propos controversés du pape François lors de ses conférences de presse à bord de l’avion papal, La Stampa a demandé au porte-parole du Vatican si le pape argentin n’avait pas, finalement, besoin d’un spin doctor. «Le porte-parole doit être prêt et disponible à donner des conseils, à évaluer des expressions ou suggérer des propositions, a répondu le Père Lombardi. Mais toujours comme un service discret, respectueux du pape, de sa personnalité et de ses choix».
L’expérience douloureuse des scandales de pédophilie
Interrogé par Il Fatto Quotidiano sur ces moments les plus difficiles à la direction du Bureau de presse du Saint-Siège, le Père Lombardi cite notamment les scandales de pédophilie dans l’Eglise survenus aux Etats-Unis, en Allemagne et en Irlande dans les années 2000. «Je me sentais impliqué, surtout d’un point de vue émotif. Pour un prêtre ce n’est pas simple de suivre des événements semblables et de se confronter aux médias». Sur le même sujet, il explique à Radio Vatican qu’il a vécu cette expérience comme «le chemin de purification de l’Eglise dont le pape Benoît nous a tant parlé», et qu’il a cherché à provoquer des pas en avant dans le sens de la clarté, de la transparence, de la vérité. Il cite également les scandales Vatileaks et les «tensions internes au Vatican».
Après sa démission, comment le Père Lombardi voit-il l’avenir? L’ancien provincial des jésuites en Italie insiste au micro de Radio Vatican: «je ne pense vraiment pas prendre ma retraite! C’est un mot qui n’existe pas pour un religieux, qui cherche à être (…) au service de Dieu et de l’Eglise toute sa vie, chaque jour». (cath.ch-apic/imedia/bl/rz)