Jérôme Jean Hauswirth

Hors de l’Eglise, pas de Salut !

« Nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l’en empêcher, car il n’est pas de ceux qui nous suivent ».

L’un des apôtres, Jean, a vu quelque chose d’étrange qui l’a choqué : une personne qui ne faisait pas partie de l’entourage des disciples, a chassé des démons au nom de Jésus. Puisque cette personne ne fait pas partie des douze, Jean le lui a interdit. Et de fait, il y a question : peut-on chasser un démon, pour de vrai, efficacement, sans appartenir aux disciples de Jésus ?

 

Comme ils sont étonnants de faiblesse, les douze que Jésus s’est choisis. Dimanche passé, Jésus avait conseillé aux disciples de se mettre en état de service, de ne pas rechercher la puissance et le pouvoir par les premières places. Et voilà que Jean, l’un des plus spirituel des douze, ce même Jean a une réaction de domination, de puissance, de totalitarisme pourrait-on dire. Il veut pour lui seul « la puissance du Christ ». Pour Jean, le bien vient exclusivement de Jésus. Et si cela n’est pas clairement de Jésus, alors c’est un mal à combattre. Ainsi cet homme qui chasse des esprits mauvais doit en être empêché d’une manière ou d’une autre. Un simple bûcher d’ailleurs pourrait bien faire l’affaire… tout bien compté….

 

Et de Jésus Jean reçoit cette réponse étonnante, pleine de finesse : « Ne l’empêchez pas… celui qui n’est pas contre nous est pour nous ».

Cet incident nous renvoie à un thème d’une grande actualité. En effet, que doit-on penser, nous, catholiques, de ceux qui sont à l’extérieur, et qui accomplissent de bonnes œuvres sans toutefois croire au Christ et sans adhérer explicitement à l’Eglise ? Ces gens de bien, peuvent-ils eux être sauvés ? Précisément : y a-t-il un salut et du bien hors de l’Eglise catholique romaine ? Question polémique, mais vraie question à laquelle il faut donner une réponse.

 

Ici il est important de s’arrêter et d’écouter ce qu’enseigne le catéchisme (845) : « Le salut vient de Jésus-Christ par l’Eglise qui est son Corps ». Cela veut d’abord dire que c’est Jésus qui sauve. C’est toujours lui qui sauve. Personne d’autre ne peut sauver à part Lui. En ce sens, pas de salut hors de Jésus-Christ. Mais cette affirmation dit ensuite que pour donner le salut, un salut qu’il veut partager avec le plus grand nombre, Jésus utilise un moyen, un instrument : l’Eglise qui est son Corps. Le Concile disait en ce sens : « Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie de salut : or, il nous devient présent en son Corps qui est l’Eglise; et en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du Baptême…. C’est pourquoi ceux qui refuseraient soit d’entrer dans l’Eglise catholique, soit d’y persévérer, alors qu’ils la sauraient fondée de Dieu par Jésus-Christ comme nécessaire, ceux-là ne pourraient être sauvés » (LG 14).

 

« Le salut vient de Jésus-Christ par l’Eglise qui est son Corps ». Alors vous entendez bien : il est possible de refuser ce salut : pour se perdre, il faut donc une double condition : et connaître Jésus (1)  et le rejeter (2). Aujourd’hui, je pense que beaucoup de nos contemporains ont objectivement rejeté Jésus. Mais je ne suis pas sûr qu’ils connaissent bien la personne qu’ils ont rejetée. En ce sens, prudence dans nos jugements. Ne retenons pas dehors ceux qui sont hésitants à rentrer.

 

Entendez surtout à travers cette double condition comme c’est beau : Dieu se propose, mais il ne s’impose pas. Son amour est toujours mendiant de notre amour. Son amour gratuit, toujours offert, précède notre fragile réponse. Il nous aime tout entier et tout patiemment. Son amour immense est surtout tendresse et invitation à se laisser amer et à lui rendre amour pour amour.

 

Mais allons encore un peu plus loin : et ceux qui n’ont jamais entendu parler de Jésus ? Que va-t-il leur arriver ? Relisons le Concile : « Ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Evangile du Christ et son Eglise, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel » (LG 16).

 

Vous entendez bien la bonne nouvelle : un cœur sincère qui cherche à faire la volonté de Dieu est sauvé, même si il ne connaît pas le nom de Jésus. Vous entendez comme notre théologie admet la possibilité, pour Dieu, de sauver des personnes en dehors des voies ordinaires qui sont la foi en Jésus Christ, le baptême et les sacrements et l’appartenance à l’Eglise.

 

Un devoir de justice à l’endroit du passé nous oblige à dire que cette certitude n’a pas toujours été aussi claire. Mais elle s’est affirmée à l’époque moderne. Et le Concile Vatican II a affirmé que : « l’Esprit Saint, d’une manière connue de Dieu seul, offre à tout homme la possibilité d’entrer en contact avec le mystère pascal du Christ » et ainsi d’être sauvé.

 

Pour nous, ce qui est important à retenir, c’est que le Dieu de Jésus-Christ se propose toujours et inlassablement. Soit explicitement par sa Parole et ses sacrements, soit implicitement dans la discrétion du cœur à cœur avec l’homme.

 

Que concrètement, que retenir de tout cela ?

Premièrement que Jésus est le Sauveur unique de tout le genre humain, et que même celui qui ne le connaît pas, s’il est sauvé, est sauvé grâce à la personne de Jésus, le fils de Dieu.  Deuxièmement retenons que ces personnes du dehors, ces personnes de bonne volonté, font partie de l’Eglise, mais d’une Eglise plus large, connue de Dieu seul. Cette Eglise a pour nom la charité, et elle ne connaît pas de frontière.

 

Dans le fond, Jésus semble n’exiger que deux choses de ces personnes « de l’extérieur » : D’abord qu’elles ne soient pas « contre » lui, c’est-à-dire qu’elles ne combattent pas la foi et ses valeurs. Pour le dire autrement, qu’elles ne se placent pas volontairement contre Dieu. Ensuite, et cette idée est très belle, si elles ne sont pas capables de servir et aimer Dieu, tel qu’il s’est révélé, et bien qu’elles servent et aiment au moins son image et sa ressemblance qui est l’homme, en particulier le pauvre, le faible et le petit.

 

Jésus dit en effet, dans la suite de notre passage, en parlant à nouveau des personnes de l’extérieur : « Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense ».

 

Merci Seigneur de nous donner ton salut en Jésus-Christ.
Merci à l’Eglise qui est l’instrument de ton salut.
Merci d’ouvrir les portes de ton royaume à ceux du dehors,
à tous les hommes de bonne volonté
à nos frères de l’extérieur.

Merci Seigneur, parce que tu veux sauver tous les hommes. (1 Tm 2, 4)

Croyons en Jésus
car il est merveilleux de croire en lui,
de le connaître,
de l’avoir à nos côtés comme Sauveur,
dans la vie et dans la mort.

 

Amen.

 

Père Jérôme Jean.

26 septembre 2012 | 12:20
par Jérôme Jean Hauswirth
Temps de lecture : env. 5  min.
Partagez!