Pakistan: Le mariage transgenre autorisé par une fatwa
Une assemblée d’une cinquantaine de dignitaires musulmans pakistanais a délivré, le 27 juin 2016, une fatwa (décret islamique) autorisant le mariage des personnes transgenres.
Le décret a été issu par des oulémas (sages musulmans) affiliés à l’organisation Tanzim Ittehad-i-Ummat, une association islamique surtout active à Lahore, dans l’est du pays, rapporte le média Channel News Asia. Il affirme qu’une personne transgenre «possédant des signes distinctifs masculins» peut épouser une femme. Un homme ayant changé de sexe et possédant des signes extérieurs distinctifs de la femme est également autorisé à s’unir à un homme. La fatwa interdit par contre à une personne arborant les signes distinctifs des deux sexes de se marier.
Le texte déclare que le fait de déshériter les personnes transgenres est illégal au regard de l’islam et que les parents qui dépouillent leur progéniture pour ce motif «invitent la colère de Dieu». Les oulémas appellent le gouvernement à agir contre les parents ayant pris ce genre de mesures. Ils qualifient également d’»haram» (interdit par l’islam) tout acte visant à «humilier, insulter ou provoquer» les personnes ayant changé de sexe. La fatwa conclut que tous les rites funéraires pour ces personnes doivent être les mêmes que pour un musulman normal.
Agressions anti-trangenres en hausse
La législation pakistanaise n’autorise pas le mariage des personnes transgenres. Cette situation ne devrait pas changer, Tanzim Ittehad-i-Ummat n’étant pas une organisation politique et ses décrets ne faisant pas force de loi. Mais le groupe, qui comptabilise des dizaines de milliers de membres au Pakistan, possède une certaine influence dans le pays.
La déclaration de l’organisation arrive à un moment où la communauté transgenre pakistanaise est de plus en plus ciblée par des agressions physiques, note le quotidien britannique The Telegraph. En mai 2016, le meurtre par balles d’une femme transgenre, dans le nord du Pakistan, a provoqué une vague d’indignation à travers tout le pays. Un activiste transgenre également attaqué en mai serait mort de ses blessures après s’être vu refuser un traitement médical. Selon des observateurs, c’est la première fois dans l’histoire qu’un groupe de dignitaires musulmans se mobilise en faveur des personnes transgenres. (cath.ch-apic/ag/rz)