Des attaques terroristes sèment la mort dans le bourg libanais d'Al-Qaa, en majorité chrétien

Des attaques terroristes menées à l’aube du 27 juin 2016 par quatre djihadistes ont semé la mort dans le bourg d’Al-Qaa, un village en majorité chrétien de 5’000 habitants situé dans la plaine de la Bekaa, au nord-est du Liban, non loin de la frontière syrienne.

Les terroristes munis de ceintures explosives ont tué cinq personnes, et fait une bonne quinzaine de blessés. Après la première explosion, trois autres djihadistes se sont fait sauter au milieu des habitants venus au secours des blessés.

5’000 habitants et 30’000 réfugiés syriens

Depuis deux ans, le village accueille près de 30’000 réfugiés syriens musulmans, et ses habitants ont mis à disposition des terrains pour les accueillir. Les groupes terroristes syriens – dont le Front al-Nosra, affilié à al-Qaïda, et Daech, le soi-disant Etat islamique – ont infiltré les camps de réfugiés de la zone frontalière avec la Syrie.

Les affrontements avec l’armée libanaise sont constants dans la région, surtout depuis août 2014, quand les terroristes islamiques ont enlevé 30 soldats et policiers dans la localité libanaise sunnite de Ersal, en majorité favorable aux djihadistes. Seize membres de l’armée et des Forces de sécurité intérieure (FSI) ont été libérés après plusieurs mois de négociations, après que les terroristes eurent décapité plusieurs soldats et policiers. Depuis deux ans, les islamistes tentent de s’emparer de positions de l’armée libanaise dans la région d’Al-Qaa et de Ras-Baalbeck, des localités à majorité chrétienne qu’ils n’ont pu jusque-là infiltrer.

L’archevêque grec-catholique de Baalbeck interpelle l’Etat libanais

Mgr Elias Rahal, archevêque grec-catholique de Baalbeck, a dénoncé lundi 27 juin les quatre attentats suicide perpétrés dans le village chrétien d’Al-Qaa et a appelé l’Etat libanais à donner à l’armée libanaise toute sa liberté pour agir.

«L’Etat doit assumer ses responsabilités dans la région et doit donner à l’armée libanaise sa liberté», a déclaré Mgr Rahal à la chaîne de télévision privée Lebanese Broadcasting Corporation International (LBCI). Dans une déclaration au site d’information el-Nashra, cité par le quotidien libanais francophone «L’Orient-Le Jour», l’archevêque grec-catholique de Baalbeck a estimé que l’Etat libanais était «responsable de ce qui s’est passé». S’il avait eu une présence au sein du village, les attentats n’auraient pas eu lieu, a-t-il déclaré. «Il y a dans le village environ 30’000 réfugiés et l’Etat ne se demande pas comment ils y vivent et d’où ils sont venus!»

Tentés par l’émigration

Abondant dans le même sens, Bachir Matar, président du Conseil municipal d’Al-Qaa, a appelé le gouvernement à limiter le chaos. Il ne doit pas permettre à des groupes terroristes d’atteindre la région, a-t-il déclaré à la LBCI.

Les habitants d’Al-Qaa sont de plus en plus tentés par l’émigration, étant donné qu’ils ont quasiment tous un parent en France, en Allemagne ou en Amérique. Près de quatorze millions de Libanais vivent en dehors de leur pays d’origine et de nombreux Libanais – chrétiens ou non – sont prêts à rejoindre la diaspora à mesure que l’insécurité régionale augmente. (cath.ch-apic/orj/lbci/be)

Plaine de la Bekaa Résidence de Mgr Jean Issam Darwish, archevêque grec-catholique melkite de Zahlé
27 juin 2016 | 12:29
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
al-Nosra (9), Al-Qaïda (12), Daech (159), Ersal (1), Liban (243), Terroristes (11)
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