Séoul: 60 réfugiés nord-coréens rejoignent la foi catholique
Soixante réfugiés nord-coréens ont été baptisés, fin juin 2016, dans la paroisse catholique de Banpo 4-dong, à Séoul, la capitale de la Corée du Sud.
Le cardinal Andrew Yeom Soo-jong, archevêque de Séoul, avait fait parvenir un message de bienvenue aux nouveaux baptisés, accompagné d’un chapelet pour chacun, rapporte Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris. «Vous tous avez traversé de terribles souffrances et vous êtes assoiffés d’amour. Je vous donne tout l’amour que je peux vous donner en tant que père», a-t-il notamment déclaré aux réfugiés.
Le Père Lee Jong-nam a préparé et accompagné les catéchumènes nord-coréens pendant plusieurs mois, par des catéchèses sur les éléments fondamentaux de la foi catholique et sur les enjeux de la vie spirituelle. Il travaille depuis de nombreuses années auprès des réfugiés nord-coréens, en Corée du Sud.
30’000 Nord-Coréens ont fui leur pays
Lorsqu’ils arrivent à Séoul, les réfugiés sont envoyés dans un centre à Hanawon, à une heure au sud de la capitale, où ils suivent des cours pour se familiariser et s’adapter à la vie et à la société capitaliste sud-coréenne, aux antipodes de celle qu’ils ont connue en Corée du Nord. Des membres de diverses confessions religieuses – bouddhistes, protestants, catholiques – participent activement à la vie matérielle de ce centre de réadaptation, en fournissant des vivres et en proposant des offices religieux.
Selon des statistiques gouvernementales sud-coréennes, près de 30’000 Nord-Coréens ont fui leur pays, notamment depuis la famine des années 1994-1998, et vivent aujourd’hui en Corée du Sud.
Un futur clergé pour le Nord?
Mgr Lucas Kim Woon-hoe est en même temps évêque de Chunchon, en Corée du Sud, et administrateur apostolique de Hamhung, un diocèse situé en Corée du Nord. Cette dernière responsabilité est plus théorique que concrète, étant donné que le régime nord-coréen interdit tout contact entre Mgr Kim et les éventuels chrétiens qui pourraient vivre dans ces deux provinces nord-coréennes. Mgr Kim a néanmoins signé, il y a quelques semaines, un accord entre son diocèse de Chunchon et le diocèse de Hamhung. Par cet accord, le diocèse de Chunchon s’engage à former certains de ses propres séminaristes pour que, une fois ordonnés, ils se consacrent à la mission en Corée du Nord.
A terme, sans qu’il soit évidemment possible de dire quand, ces prêtres officieront dans le diocèse de Hamhung, avant ou après une éventuelle réunification de la péninsule, a précisé Mgr Kim. «Etant donné que la formation au ministère sacerdotal est longue, nous commençons dès à présent», a-t-il précisé. Les prêtres concernés seront ordonnés pour le diocèse de Chunchon, tout en étant incardinés au sein du diocèse de Hamhung.
Hamhung est le second diocèse à travailler ainsi à la formation d’un futur clergé pour la Corée du Nord. L’archidiocèse de Séoul, dont l’archevêque est aussi administrateur apostolique du diocèse de Pyongyang, forme également des prêtres pour le territoire nord-coréen. Le premier prêtre formellement incardiné dans le diocèse de Pyongyang a ainsi été ordonné à Séoul en février 2016.
«L’Eglise du silence»
D’après l’ONG de défense des chrétiens Portes Ouvertes, sur les 300’000 chrétiens vivant en Corée du Nord, 60’000 seraient derrière les barreaux ou en camps de travail en raison de leur foi. Des chiffres impossibles à recouper de manière indépendante.
Selon les statistiques de Pyongyang, 3’000 catholiques «pratiquent librement leur foi», sous la tutelle de l’Association catholique coréenne, entièrement contrôlée par le régime, et en l’absence de tout clergé. Pour les Nations Unies, les catholiques ne seraient que 800. Au sein de l’Eglise catholique en Corée du Sud, on préfère parler d’»Eglise du silence», à propos de la possibilité que des communautés chrétiennes aient pu survivre à plus d’un demi-siècle d’un régime totalitaire officiellement athée. (cath.ch-apic/eda/rz)