Dominique de Buman: «Il faut sublimer l'histoire en construisant un avenir pour l'Arménie»
Le conseiller national Dominique de Buman (PDC/FR) suit actuellement le voyage du pape. Une occasion concrète pour le président du groupe parlementaire Suisse-Arménie de poursuivre sur place l’œuvre de développement de cette enclave caucasienne, au lendemain de la fondation d’une chambre de commerce qui vise des accords économiques entre la Suisse et l’Arménie.
Dominique de Buman, quelles sont les raisons de votre présence en Arménie?
Deux éléments ont précipité ce voyage. Premièrement, un motif civil. Dans le sillage de la reconnaissance du génocide arménien par le Parlement suisse (2003), une chambre de commerce Suisse-Arménie vient d’être créée. J’ai participé à son acte fondateur à Berne, il y a trois semaines. Il y avait des chefs d’entreprise, de hauts cadres de plusieurs domaines comme l’horlogerie, la banque, la pharma ou encore la recherche universitaire.
Il faut que l’Arménie, qui reste encerclée par des frontières fermées, se développe. La reconnaissance du génocide est extrêmement importante, elle conditionne les accords économiques que nous cherchons à développer. Mais on ne peut pour autant figer ce génocide dans le passé. Il faut sublimer l’histoire en construisant un avenir pour l’Arménie. Au niveau commercial, cela suppose l’établissement des bases d’un marché libre. Pour l’heure, toutes les conditions ne sont pas encore réunies dans cette ancienne république soviétique.
Et le second motif?
La visite du pape. Le Groupe parlementaire Suisse-Arménie a eu connaissance qu’il allait axer ses discours sur la réconciliation. C’est une priorité pour ce pays qui connaît encore des conflits avec ses voisins turcs et azerbaïdjanais.
Si l’on veut donner de l’espoir aux Arméniens, il faut aussi leur donner du pain.
Ce discours du pape diffère du développement économique dont je parlais dans son essence, mais il le complète dans une perspective de développement intégral. Si le discours était purement économique, nous plongerions le peuple arménien dans un enfer matérialiste; si, au contraire, il n’était qu’humain, qu’aurions-nous à offrir de concret à cette population? Si l’on veut donner de l’espoir aux Arméniens, il faut aussi leur donner du pain.
Comment envisagez-vous votre rôle dans cette perspective de développement?
Il faut rester modeste. Ce n’est pas moi qui vais passer les contrats de libre-échange, mais je souhaite utiliser mes «arbalètes» dans ce sens, celle de futur président du Conseil national et celle de membre de la commission de l’économie.
Le pape selon Dominique de Buman
Vous êtes aussi ici en tant que chrétien. Quel regard posez-vous sur le lien étroit qu’entretiennent l’Eglise et l’Etat arméniens?
J’ai été frappé par le souci des autorités politiques de ne pas s’immiscer dans le religieux. Il faut reconnaître l’importance historique et culturelle du religieux en Arménie. Il y a des liens privilégiés entre les leaders, mais le pouvoir politique tient à son pré carré. Peut-être le pouvoir religieux devrait-il admettre les limites de son influence. «Rendez à César ce qui est à César et à Dieu, ce qui est à Dieu», dit la Bible. (cath.ch/pp)