La favela de Cantagalo à Rio de Janeiro (photo wikimedia commons Hmaglione10 CC BY-SA 3.0)
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Brésil: Un jeune assassiné toutes les 23 minutes

23’100 jeunes de 15 à 29 ans sont assassinés chaque année au Brésil. Soit 63 par jour, autrement un toutes les 23 minutes. C’est ce que révèle le rapport de la Commission parlementaire d’investigation (CPI) du Sénat brésilien sur l’assassinat des jeunes publié le 9 juin 2016, à Brasilia.

La CPI s’est appuyée sur les chiffres de la Carte de la Violence, réalisée depuis 1998 par le sociologue Julio Jacobo Waiselfisz, à partir des données officielles du Système d’informations de la mortalité du Ministère de la santé. Les dernières données datant de 2014 comptabilisent les homicides commis en 2012. Elles révèlent en particulier que 77% des victimes sont des jeunes noirs vivant dans les favelas ou les quartiers périphériques.

Un meurtre sur cinq commis par des policiers

Des spécialistes utilisent d’ailleurs le mot «épidémie» pour qualifier la mortalité des jeunes au Brésil, en particulier celle des jeunes noirs. Selon la Carte de la Violence, le taux d’homicides chez ces derniers est presque quatre fois supérieur à celui des blancs (36,9 pour 100’000 hab. contre 9,6). La mortalité des jeunes noirs est également très élevée à Rio de Janeiro, ville qui va accueillir les Jeux Olympiques du 5 au 21 août prochain. D’après le Forum brésilien de sécurité publique (PPSP), pour la seule année 2015, 1’255 homicides ont été enregistrés dans la ‘Cité Merveilleuse’. Dont près d’un cinquième perpétrés par la police.

Des actes d’»autodéfense»

«Ces meurtres sont le plus souvent déguisés en actes d’autodéfense où les victimes sont présentées comme des criminels, explique Renata Neder, d’Amnesty International Brésil. Et si les policiers se comportent de cette manière, c’est qu’ils savent qu’ils bénéficient d’une totale impunité.» La situation risque de perdurer dans un Brésil où seul 3% des affaires de violences policières impliquant un décès sont suivies de condamnations. «D’autant que les habitants des favelas, surtout s’ils sont noirs et jeunes, demeurent des suspects en puissance aux yeux de la police et des militaires, explique Renata Neder. Ce sont des êtres considérés comme ‘tuables’, presque jetables.» (cath.ch-apic/jcg/mp)

La favela de Cantagalo à Rio de Janeiro (photo wikimedia commons Hmaglione10 CC BY-SA 3.0)
10 juin 2016 | 13:33
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 1  min.
Assassinats (14), Brésil (392), Violence (139)
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