Les députés allemands au Bundestag reconnaissent le génocide arménien
Malgré les fortes pressions du gouvernement turc, les députés allemands ont adopté à la quasi-unanimité, jeudi 2 juin 2016, une résolution reconnaissant le génocide arménien à la fin de l’Empire ottoman.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui tend à occulter l’existence d’un génocide perpétré en 1915 par le régime des «Jeunes-Turcs», avait téléphoné la veille à la chancelière Angela Merkel pour la mettre en garde une nouvelle fois contre cette reconnaissance.
Aussitôt le vote du texte intitulé «Souvenir et commémoration du génocide des Arméniens et d’autres minorités chrétiennes il y a 101 ans», la Turquie a rappelé son ambassadeur en Allemagne, tandis que l’Arménie saluait cette décision.
Des «Justes» parmi les Turcs
D’avril 1915 à juillet 1916, près des deux tiers des Arméniens vivant alors sur le territoire actuel de la Turquie périssent du fait des déportations, des famines et des massacres planifiés et exécutées par le parti au pouvoir, le Comité Union et Progrès (CUP), composé notamment des officiers ottomans Talaat Pacha, Enver Pacha et Djemal Pacha.
Lui-même d’origine turque, Cem Özdemir, coprésident du Parti des Verts au Bundestag, en présentant la résolution soutenue également par l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et le Parti social-démocrate (SPD), a remercié la grande coalition d’avoir fait une proposition commune. «Que nous ayons été hier (le Reich allemand d’alors, allié de la Turquie, ndlr) complices de ce crime ne doit pas signifier que nous sommes aujourd’hui complices de sa négation», a-t-il déclaré devant les députés du Bundestag. Il a également salué le fait qu’il y a eu des «Justes» parmi les Turcs, qui sont venus en aide aux Arméniens persécutés.
L’Allemagne d’alors porte une responsabilité
«Nous portons une responsabilité et elle vaut aussi bien pour nous, Allemands, que pour les Turcs. Nous ne voulons stigmatiser personne», a-t-il souligné. Dans son intervention, Gregor Gysi, membre de «Die Linke» (La Gauche), a rappelé la mémoire des victimes du génocide – chrétiens arméniens, assyro-chaldéens, araméens – en soulignant les responsabilités de l’empire allemand de l’époque.
Alors que le ministère arménien des Affaires étrangères arménien saluait cette résolution «qui contribue à la lutte universelle pour la prévention des génocides et des crimes contre l’humanité», le professeur Numan Kurtulmus, porte-parole du gouvernement turc, l’a considérée comme «nulle et non avenue». Fustigeant la résolution des députés allemands, il l’a qualifiée d’»erreur historique». (cath.ch-apic/com/be)