Naples: L'Eglise fait front contre la Camorra
A l’appel de l’Eglise catholique, des milliers de personnes ont manifesté, le 31 mai 2016, dans les rues de Naples contre la Camorra, la mafia locale. Mgr Crescenzio Sepe, archevêque de Naples, a exhorté les mafieux à déposer les armes et à se convertir.
«Nous sommes ici ensemble pour exprimer un désir de rédemption, d’espoir et afin d’élever un cri de douleur pour les nombreuses victimes, pour certaines innocentes, de la violence meurtrière (de la mafia, ndlr.)», a lancé Mgr Sepe, à l’occasion de la journée de prière et de jeûne contre l’emprise de la criminalité organisée dans la région. Le prélat a également martelé, selon la presse italienne, que les criminels devaient se repentir pour le bien de Naples, «parce que l’avenir ne se construit pas avec le sang ni avec des armes, mais avec le courage des hommes libres et forts».
Le cardinal Sepe a cheminé portant une croix, jusqu’à la cathédrale de Naples. Toutes les églises de la ville avaient été fermées.
Des jeunes mafieux de plus en plus violents
Alors que bon nombre de membres du clergé ont pendant longtemps collaboré ou fait preuve de passivité face aux exactions de la Camorra, l’Eglise fait désormais front contre les activités criminelles de la «pieuvre». Plusieurs prêtres ont payé de leur vie leur engagement contre la mafia et d’autres sont menacés de mort.
Fabrice Rizzoli, spécialiste de la mafia italienne, a confirmé sur la radio France Info que le clergé avait longtemps été complice de la mafia. «Mais depuis 1993, le discours du pape Jean Paul II, il y a une rupture idéologique très forte. Récemment, avec ce nouveau pape (François, ndlr.) qui a mené une opération de transparence sur les finances du Vatican et a excommunié les mafieux calabrais, il y a un message très clair de la part de l’Eglise», a expliqué le docteur en sciences politiques.
Si la Camorra est un fléau, «elle n’est pas toute puissante», note-t-il. «Il y a aussi l’antimafia à Naples, et aujourd’hui le clergé local se réveille».
Ces derniers mois, la situation s’est dégradée dans la région de Naples. Le développement des «baby gangs», des clans de jeunes qui se montrent extrêmement violents, a marqué l’opinion publique.
Le pape François a dénoncé à maintes reprises la criminalité organisée et a excommunié les mafieux en juin 2014. (cath.ch-apic/ag/rz)