Les élèves de Therwil sont désormais tenus de serrer la main de leurs professeurs (Image:Aidan Jones/Flickr/CC BY-SA 2.0)
Suisse

Bâle-Campagne: les élèves de Therwil tenus de serrer la main des enseignantes

Les enseignants peuvent exiger que les élèves leur serrent la main: telle est la conclusion de l’analyse juridique demandée par le Département de la Formation, de la Culture et des Sports du canton de Bâle-Campagne, à propos de l’affaire de Therwil (BL). Lorsqu’un élève refuse de serrer la main d’un professeur pour des raisons religieuses, ses parents peuvent être condamnés à une amende, précise l’avis de droit communiqué le 25 mai 2016.

«Malgré le principe de liberté de religion, les établissements scolaires du canton de Bâle-Campagne peuvent exiger la poignée de main et appliquer des sanctions prévues par la loi sur l’éducation»: tel est l’avis de droit transmis par le Département de la Formation, de la Culture et des Sports du canton de Bâle-Campagne, le 25 mai 2016. En effet, précise le communiqué, «l’intérêt public concernant l’égalité entre femme et homme aussi bien que l’intégration de personnes étrangères l’emportent largement sur la liberté de croyance des élèves».

«Outre l’intérêt public, les droits fondamentaux des enseignants et des camarades des classe sont à considérer, poursuit le texte officiel. Une personne refusant la poignée de main pour des raisons religieuses la rend inaccessible à son vis-à-vis. Ainsi donc les enseignant(e)s et les autres élèves se trouvent impliqués dans une pratique religieuse qui ne leur appartient pas».

La poignée de main, geste de sociabilité

La poignée de main est considérée comme un geste de sociabilité, utile également hors du cadre scolaire, notamment pour la vie professionnelle. Le communiqué distingue cette pratique du port du voile ou de l’absence des élèves musulmans au cours de natation «qui sont régis par des lois fédérales». Le non-respect de la règle peut entraîner des sanctions prévues par la loi: les parents risquent un avertissement voire une amende jusqu’à 5’000 francs.

Pour le Conseil Central Islamique Suisse (CCIS), cette obligation signifie que les élèves «peuvent être contraints à un contact corporel avec d’autres personnes». Le Département de la Formation de Bâle-Campagne outrepasserait ainsi ses compétences. Si les sanctions prévues devaient être mises en œuvre, le CCIS s’y opposerait sur le plan juridique, a indiqué le 25 mai l’organisation dirigée par Nicolas Blancho.

Dispense inacceptable

L’affaire avait éclaté début avril, lorsque deux élèves de l’école secondaire de Känelmatt à Therwil (BL) avaient refusé, pour des raisons religieuses, de saluer des enseignantes, un geste habituel dans cet établissement. La presse suisse, puis étrangère, avait largement commenté cet événement. La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, en charge du Département de Justice et Police, avait estimé inacceptable la dispense accordée alors par l’école aux deux élèves musulmans. (cath.ch-apic/kath/sys/bl)

Les élèves de Therwil sont désormais tenus de serrer la main de leurs professeurs (Image:Aidan Jones/Flickr/CC BY-SA 2.0)
26 mai 2016 | 10:55
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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