La ville de Mostaganem où s'est tenu le premier cngrès international soufi. (Photo: Flickr/Pabel Rock/CC BY-NC-ND 2.0)
International

Le soufisme cherche l'unité contre le radicalisme islamique

Le premier congrès international soufi est consacré à la lutte contre le radicalisme religieux. 120 oulémas se sont réunis du 18 au 20 mai, à Mostaganem au Nord-ouest de l’Algérie, rapportent radio France internationale (RFI) et l’agence de presse algérienne (APS).

Sous le thème: «La référence Mohamédienne dans le traitement des questions et des défis de l’heure» quelque 120 oulémas de 50 pays se sont retrouvés trois jours durant. L’objectif: créer une instance mondiale du soufisme pour contrecarrer le salafisme ou radicalisme musulman. Face à la violence du radicalisme islamique, il y a «urgence (pour l’islam soufiste) à s’organiser pour combattre le radicalisme, et ceux qui répondent à l’appel au jihad»,  a déclaré à l’APS, l’un des organisateurs des assises, Mahmioud Omar Chaalal, président de l’Union nationale des mosquées algériennes.

Une instance internationale

Cette future structure devrait aussi  regrouper le monde musulman sunnite sous la bannière du soufisme en tant que force spirituelle, sociale et économique, prônant une vision authentique et un traitement contemporain de l’islam. Elle servirait également de porte-parole des principes soufis dans les sphères spirituelles, sociales et économiques internationales.

L’organisation sera fondée sur les principes de la référence du prophète Mohamet, basées sur la fraternité, l’unité et un Islam de tolérance où se retrouve la nation musulmane, loin de tout conflit intellectuel et idéologique.

Au cours de leurs travaux, les participants ont discuté entre autres sujets, de la référence Mohamédienne, des institutions spirituelles et des relations internationales dans cette référence, ainsi que de Mostaganem comme haut lieu du soufisme. Ils ont également suivi des exposés sur le sens de la référence Mohamédienne, les enjeux futurs, le Fiqh (principe du droit islamique) de la paix sociale et les écoles de l’Islam et du soufisme.

Nécessité de s’unir contre l’islam radical

«Il n’y a pas une coordination entre les soufis. Chacun se contente de ce qui se passe au niveau de sa communauté», a déploré, pour sa part, l’imam Mahamadou Moussa Diallo, porte-parole de la communauté soufie au Mali,au micro de RFI.  »(..) Tous ceux qui prônent un islam violent sont des intégristes. Il est difficile pour un salafiste de cohabiter avec un autre», a-t-il ajouté, soulignant la nécessité pour les soufistes, de «se donner la main, parce que nous sommes dans un monde qui a besoin de la paix».

«Descendre dans l’arène»

A la veille du congrès, Mohamed Aïssa, a déclaré à plusieurs reprises qu’il y avait maintenant une «vraie une prise de conscience du fait que les soufis doivent s’organiser». «Il s’agit de l’Afrique, mais pareil en Europe et en France. Il y a un rassemblement des soufis de France», a-t-il fait remarquer avant de poursuivre: «depuis un an, on a vu plusieurs initiatives intersoufies, ou interconfrériques. Tous ces milieux spirituels soufis, d’un monde musulman à échelle plus large, ont conscience en effet qu’ils doivent sortir. Ils doivent descendre dans l’arène».


Version mystique de l’islam

Le soufisme est le mysticisme de l’Islam. Comme tel, il a la particularité d’exister aussi bien dans l’Islam sunnite que dans l’Islam chiite. Décrire le soufisme est une tâche redoutable. Comme tout mysticisme, il est avant tout une recherche de Dieu et son expression peut prendre des formes très différentes. D’autre part, par ses aspects ésotériques, il présente des pratiques secrètes, des rites d’initiation, eux aussi variables selon les maîtres qui l’enseignent. Bien que le soufisme se veuille rigoureusement musulman, l’Islam traditionnel, sunnite et chiite, considère le soufisme avec la plus grande méfiance.

En outre le soufisme n’a aucune unité. Chaque maître se constitue une cohorte de disciples attirés par la réputation de son enseignement. Tout au plus, ces maîtres déclarent se rattacher à une ” confrérie «, elle même fondée par un célèbre soufi des siècles passés ; personne ne vérifie une quelconque orthodoxie de l’enseignement donné, du moment qu’il se réfère à l’Islam. Source: Michel Malherbes, Les Religions de l’Humanité, Ed. Critérion. (cath.ch-apic/rfi/aps/ibc/bh)

La ville de Mostaganem où s'est tenu le premier cngrès international soufi.
20 mai 2016 | 16:40
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 3  min.
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