La CDF s'est penchée sur les relations entre évêques et congrégations religieuses (Photo: Eric Frattasio)
International

Les nonnes indiennes n'étaient pas prisonnières du monastère

Le juge d’instruction de la cause des trois religieuses d’origine indienne libérées par la police d’un couvent de Saint-Jacques de Compostelle, en Espagne, le 23 janvier dernier, a classé l’affaire sans suite. Selon lui, aucune preuve de la commission d’un crime n’a été apportée.

Les trois religieuses, originaires d’Inde, avaient affirmé avoir été retenues durant des années contre leur gré, sous la menace et la contrainte, dans le couvent des mercédaires de Saint-Jacques de Compostelle, en Espagne, dans des conditions de quasi-esclavage.

Après l’opération de police en janvier, le tribunal a ouvert une procédure pour trois infractions présumées: l’atteinte à l’intégrité morale, la détention illégale et la coercition. Dans tous les cas, le juge estime qu’il n’y a aucune preuve permettant de poursuivre l’instruction de l’affaire.

Il n’est pas possible de retenir la détention illégale, car les religieuses pouvaient visiter leurs familles tous les sept ans ou plus souvent dans des cas justifiés comme la maladie d’un parent. Ainsi les religieuses ont, pour certaines, passé trois mois en Inde d’où elles sont revenues volontairement. En outre malgré la clôture monastique, elles pouvaient communiquer avec leur famille par lettres ou par téléphone.

Des consoeurs affectueuses

Les religieuses n’ont pas non plus été soumises à des traitements humiliants. Devant le juge, aucune n’a mentionné d’atteinte grave à son intégrité morale. Elles ont relevé que les conditions de travail dans le monastère étaient dures, tout en les considérant comme naturelles et en soulignant que leurs consoeurs étaient affectueuses et qu’elles ne manquaient de rien.

Le juge n’a pas retenu non plus la coercition. Selon lui, le fait que la mère supérieure ait effectivement gardé elle-même les passeports des religieuses était logique parce que, étant d’origine indienne et ne parlant pas castillan, elles étaient «particulièrement vulnérables» et nécessitaient l’assistance constante de quelqu’un. Le magistrat a rappelé aussi que trois religieuses avaient quitté la congrégation en 2011 pour rentrer dans leur pays, mais qu’elles n’avaient pas été expulsées d’Espagne.

Dispense de vœux en cours

L’archevêché de Santiago a indiqué de son côté que les trois religieuses avaient entamé un processus pour quitter leur congrégation. La procédure de demande de dispense des vœux avait été conclue au niveau diocésain le 21 janvier 2016, soit trois jours avant leur ‘libération’. L’archevêque a reconnu cependant que cela demandait du temps et que le dossier attendait la saisine de la congrégation appropriée du Saint-Siège.

Le monastère cloîtré des mercédaires, faute de vocations locales, avait ouvert ses portes, il y a plus d’une dizaine d’années à des religieuses venues d’Inde et du Mexique où l’ordre possède des établissements. C’est ainsi que ces jeunes femmes, à peine sorties de l’adolescence, étaient arrivées d’Inde (cath.ch-apic/ag/mp)

La CDF s'est penchée sur les relations entre évêques et congrégations religieuses
14 mai 2016 | 18:40
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
Monastère (72), prison (109), Religieuses (121)
Partagez!