Femmes et diaconat: les propos du pape François (verbatim)
Au lendemain des propos du pape François sur le diaconat féminin, qui ont provoqué un emballement médiatique, le Saint-Siège a publié, le 13 mai 2016, le dialogue intégral du pape avec les religieuses de l’Union internationale des supérieures générales (UISG). Le pontife argentin exprime son souhait de constituer une commission pour se pencher sur le rôle des diaconesses dans les premiers siècles du christianisme. Une réflexion qui pourrait aussi avoir des répercussions concrètes dans l’Eglise d’aujourd’hui.
Le pape répondait ainsi à la question suivante : «Qu’est-ce qui empêche l’Eglise d’inclure les femmes parmi les diacres permanents, comme c’est arrivé dans l’Eglise primitive ? Pourquoi ne pas constituer une commission officielle qui puisse étudier la question ?»
Réponse du pape François (verbatim) :
«Cette question va dans le sens du ›faire’: les femmes consacrées travaillent déjà tant pour les pauvres, elles font tant de choses… dans le ›faire’. Et cela touche le problème du diaconat permanent. Quelqu’un pourra dire que les ›diaconesses permanentes’ dans la vie de l’Eglise sont les belles-mères [rires]. En effet il y a cela dans l’antiquité : c’était un début… Je me souviens que c’était un thème qui m’intéressait assez quand je venais à Rome pour les réunions, et que je logeais à la Domus Paul VI; là il y avait un théologien syrien qui a fait l’édition critique et la traduction des Hymnes d’Ephrem le Syrien. Et un jour je lui ai posé des questions sur cela, et il m’a expliqué que dans les premiers temps de l’Eglise il y avait quelques ›diaconesses’. Mais que sont ces diaconesses ? Avaient-elles l’ordination ou non ? Le Concile de Chalcédoine (451) en parlait mais c’est un peu obscur. Quel était le rôle des diaconesses en ces temps ? Il semble – me disait cet homme, qui est mort, c’était un bon professeur, sage, érudit – que le rôle des diaconesses était d’aider au baptême des femmes, l’immersion, elles les baptisaient, pour les convenances, aussi pour faire les onctions sur le corps des femmes, lors du baptême. Et aussi une chose curieuse : quand il y avait un jugement matrimonial, que le mari frappait la femme qui allait se plaindre à l’évêque, les diaconesses étaient chargées de voir les bleus laissés sur le corps de la femme par les coups du mari et d’informer l’évêque. Cela, je m’en souviens. Il y a quelques publications sur le diaconat dans l’Eglise, mais ce n’est pas clair sur comment c’était (à l’époque). Je crois que je demanderai à la Congrégation pour la doctrine de la foi qu’elle me fasse un compte-rendu des études sur ce thème, car je vous ai répondu seulement sur la base de ce que j’avais entendu de ce prêtre qui était un chercheur érudit et reconnu, sur le diaconat permanent. Et en outre je voudrais constituer une commission officielle qui puisse étudier la question : je crois que cela fera du bien à l’Eglise d’éclairer ce point; je suis d’accord, et j’en parlerai pour faire quelque chose de ce genre.»
Après avoir parlé de propositions concrètes pour une meilleure insertion des femmes consacrées dans la vie de l’Eglise, le pape a ajouté : «Donc, sur le diaconat, oui, j’accepte et une commission me semble utile pour clarifier bien cela, surtout en ce qui concerne les premiers temps de l’Eglise.» (cath.ch-apic/imedia/mp)