Mgr Huonder maintient ouverte l'idée d'un diocèse de Zurich

L’éventualité de la création d’un diocèse à Zurich, par séparation de Coire, reste une option ouverte. Dans sa réponse à la consultation lancée en début d’année, Mgr Vitus Huonder, évêque de Coire, écarte par contre les deux autres hypothèses: celle de l’érection d’un diocèse de Suisse centrale et celle d’un diocèse double «Coire-Zurich».

La consultation lancée dans le diocèse de Coire en mars 2016 a suscité un vif intérêt puisque pas moins de 900 personnes y ont répondu. Le dépouillement en a été confié à la Haute école zurichoise des sciences appliquées à Winterthur (ZHAW) qui livrera prochainement un rapport complet. Dans une longue lettre aux agents pastoraux datée du 12 mai, Mgr Huonder en tire les principaux enseignements. L’évêque se félicite d’abord de l’absence, dans le sondage, d’un mouvement de séparation de Coire (los-von-Chur). Il y voit une marque de confiance malgré les difficultés qu’a pu traverser le diocèse.

L’évêque développe ensuite les arguments pertinents ressortis du sondage en faveur de la création d’un diocèse de Zurich. Il relève la réalité urbaine spécifique de la métropole zurichoise avec notamment une forte proportion de migrants et le désir d’avoir un pasteur plus proche de la population locale. Il note aussi que Zurich aurait une taille idéale pour un diocèse. Les autorités ecclésiastiques et politiques zurichoises n’émettent en outre aucune objection à l’installation d’un évêché à Zurich. Enfin, la présence d’un évêque à Zurich aurait aussi une signification importante en faveur du dialogue œcuménique.

Côté négatif, l’évêque de Coire relève la question du manque des ressources humaines et de l’accroissement de l’administration et de la bureaucratie. Il pointe aussi l’affaiblissement de l’actuel diocèse de Coire et le risque de perte de diversité.

Contre un diocèse de Suisse centrale

Les arguments contre l’érection d’un diocèse de Suisse centrale sont beaucoup plus tranchants. Un tel diocèse serait d’abord trop petit et sa charge serait trop lourde pour les cantons concernés. En cas de séparation, les diocèses de Coire et de Suisse centrale seraient tous les deux trop faibles pour disposer de suffisamment de ressources aux plans matériel et personnel. Coire, quasiment réduit au seul canton des Grisons, serait ainsi marginalisé. L’option d’un échange de territoires avec le diocèse de Bâle pour rattacher le canton de Lucerne n’est pas pertinente non plus, car elle impliquerait une renégociation des concordats entre les cantons et le Saint Siège. Le thème ‘diocèse de Suisse centrale’ semble dès lors pouvoir être rangé dans les tiroirs.

Coire ne veut pas devenir un petit Castel Gandolfo

L’idée de la création d’un diocèse double Coire-Zurich, avec une co-cathédrale à Zurich ne trouve aucune approbation. Pour Mgr Huonder, elle ne résoudrait pas grand-chose. Notamment la question de la trop grande taille du diocèse. Il se réfère aussi à la consultation menée en 2004-2006 par son prédécesseur Mgr Amédée Grab, qui avait abouti à cette même conclusion. Le déplacement du siège du diocèse à Zurich serait également un affront à l’importance et à l’histoire millénaire du diocèse de Coire dont la fondation remonte à l’an 451. Transformer Coire en une espèce de Castel Gandolfo (lieu de résidence d’été des papes, ndlr) serait une injure à un siège épiscopal qui a résisté à toutes les tempêtes et qui est ainsi devenu un ‘monument de la foi’. L’évêque de la cité grisonne relève aussi que le siège épiscopal fait partie de l’ADN du canton des Grisons.

Une commission pour approfondir les arguments

En conclusion, l’évêque de Coire, qui indique avoir discuté de la question avec le nonce apostolique en Suisse et les vicaires généraux de Zurich et de Glaris, suggère la poursuite de l’analyse de la question d’un diocèse de Zurich, en concertation avec la corporation ecclésiastique cantonale. Il s’agirait de créer une commission restreinte chargée d’approfondir les arguments pour et contre l’installation d’un évêque à Zurich. (cath.ch-apic/com/mp)