L'Etat de Sarawak, au sud de la Malaisie, compte une forte minorité chrétienne (Photo:Lenny K Photography/Flickr/CC BY 2.0)
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Malaisie: Converti de force à l'islam, il est autorisé à redevenir chrétien

La Haute cour de l’Etat de Sarawak, en Malaisie, a permis fin mars 2016 à Roneey Rebit, chrétien converti de force à l’islam à l’âge de 10 ans, de pouvoir abandonner cette religion sans passer par un tribunal islamique. Après 15 ans de batailles juridiques, l’Etat civil malaisien a reconnu officiellement l’appartenance chrétienne de cet homme de 41 ans.

Pour les chrétiens de Malaisie, dont plus des deux tiers vivent dans les Etats orientaux du Sabah et du Sarawak, la décision de la Haute cour est exceptionnelle et encourageante, car elle valide le principe constitutionnel de liberté religieuse, qui a souvent été malmené ces dernières années, note Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris.

«Nous sommes très reconnaissants à la Haute cour de Kuching (la capitale du Sarawak) d’avoir rendu un jugement équitable et juste, en conformité avec la loi malaisienne», a déclaré dans un communiqué le groupe chrétien œcuménique «Association of Churches in Sarawak» (ACS), qui réunit, entre autres, les Eglises anglicane, catholique, méthodiste et adventiste. L’association appelle à présent le gouvernement fédéral à honorer et à appliquer le principe de liberté religieuse garanti par le «Malaysia Agreement» et à confirmer les droits et les libertés fondamentales garantis par la Constitution à tous les citoyens.

Un cas qui fera jurisprudence ?

La juge a considéré que Roneey Rebit, né chrétien et converti à l’islam par ses parents, à l’âge de 10 ans, rebaptisé alors Azmi Mohamad Azam Shah, avait suivi la volonté de ses parents et qu’il ne pouvait donc être considéré comme une personne professant sa foi en l’islam. D’autant plus qu’à l’âge adulte, en 1999, il avait été baptisé dans la religion chrétienne et avait librement choisi sa religion. Son cas ne dépendait donc pas d’une juridiction de la Cour de la charia (loi islamique), puisqu’on ne pouvait plus le considérer comme musulman, mais bien d’un tribunal civil.

Cela faisait des années que Roneey Rebit attendait cette décision. Peu après son baptême, il avait déposé une demande auprès du Bureau National d’Etat civil, afin que son nom et son appartenance religieuse soient modifiés sur ses pièces d’identité, mais les pouvoirs publics avaient toujours refusé, considérant qu’ils ne pouvaient modifier son état civil sans l’accord d’un tribunal islamique.

L’apostasie de l’islam punie de prison

Obtenir une lettre de renonciation à la religion musulmane d’un tribunal de la charia, rendait quasiment impossible l’issue de l’affaire, car la Cour fédérale de la charia avait elle-même statué qu’elle ne disposait pas des compétences pour délivrer un telle lettre. De plus, en pratique, la renonciation à l’islam est punie de prison et les apostats sont envoyés dans des «centres de rééducation». Rooney avait alors déposé sa requête devant les juridictions civiles, afin de contourner cette impasse.

D’après le journal local Borneopost, le Bureau des affaires islamiques du Sarawak aurait donné son accord pour délivrer la «Lettre de non objection à sortir de l’Islam» avant l’avis de la Haute cour. Mais ce serait le directeur général du Bureau national de l’Etat civil qui aurait fait pression pour que la lettre soit émise par une Cour de la charia. Ce qui montre à quel point les pouvoirs publics sont impliqués dans ce type d’affaires, note EdA. (cath.ch-apic/eda/rz)

L'Etat de Sarawak, au sud de la Malaisie, compte une forte minorité chrétienne
31 mars 2016 | 11:38
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
Conversion (44), Islam (393), Malaisie (21)
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