Cardinal Barbarin: «Jamais, jamais, jamais, je n'ai couvert le moindre acte de pédophilie»

 »La justice française a récemment ouvert une enquête dont il est opportun d’attendre le résultat». C’est ce que le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a répondu le 15 mars 2016 à l’association «La parole libérée» qui accuse les responsables du diocèse de Lyon, parmi lesquels le cardinal Philippe Barbarin, d’avoir couvert les agissements d’un prêtre pédophile.

Le Père Federico Lombardi laisse par ailleurs entendre à cette association de victimes que l’audience privée demandée au pape François ne saurait être accordée, au vu de la «pression médiatique» qu’elle exerce.

Mgr Barbarin n’était pas encore à la tête de l’archevêché de Lyon

Quel que soit le résultat de l’enquête en cours, explique le ›porte-parole’ du Vatican, «on doit manifester estime et respect envers le cardinal Barbarin» sans que cela soit considéré «comme une offense à l’endroit de qui que ce soit». Une lettre rendue publique par l’association le 14 mars, rappelle le Père Lombardi, «revient sur une affaire de pédophilie survenue il y a des années en France». Les faits incriminés, en effet, sont intervenus avant 1991, soit plus de 10 ans avant la nomination du cardinal Barbarin à la tête de l’archevêché de Lyon.

Reconnaissant que «tout abus sexuel sur mineur constitue un crime grave dont les conséquences ne sauraient être sous-estimées, ni dans la durée ni dans la profondeur des effets», le père Lombardi assure que «l’Eglise a développé depuis des années sa prise de conscience avec un sens de responsabilité accru et des mesures en continuel renforcement».

Pression médiatique

Les signataires de la lettre ouverte au pape François publiée le 14 mars, trois victimes du Père Bernard Preynat réunies au sein de l’association «La parole libérée», ont demandé «l’aide» du pontife. Ils ont fait part au pape de leur incompréhension face à la réaction du Vatican à propos de l’affaire mettant en cause le cardinal Barbarin.

«Les multiples victimes ne peuvent comprendre les paroles du Père Federico Lombardi qui annonce que ›l’archevêque de Lyon a traité avec une extrême responsabilité’ ce dossier», ont expliqué les auteurs de la missive.

Alors que Rome, «début février 2015 imposait des mesures disciplinaires et ›la fin de toute pastorale mettant (le Père Preynat) en contact d’enfant’», ils se sont étonnés que «rien ne se soit passé dans les faits jusqu’au 31 août 2015». Ils ont fait part de leur désarroi alors que le prêtre est revenu à Lyon comme «animateur au service diocésain en septembre 2015… sans autre mesure disciplinaire».

Animés par «aucun désir de vengeance»

Assurant n’être animés par «aucun désir de vengeance», ils ont demandé une audience privée avec le pape François, lui suggérant de «mettre en place une loi canonique claire et simple qui puisse être comprise même par les petits enfants victimes», et optant pour l’imprescriptibilité des crimes pédophiles des prêtres.

«En principe, la requête d’une audience papale privée ne passe pas par la presse», répond le Père Lombardi en expliquant que «sa publication tend évidemment à exercer une forte pression médiatique». «Jusqu’ici, rappelle-t-il enfin, les rencontres de victimes d’abus sexuels par les papes se sont déroulées après qu’on se soit assuré du climat d’écoute et de dialogue nécessaire pour porter des fruits spirituels».

Pris dans une déferlante médiatique, le cardinal Philippe Barbarin a pris la parole depuis Lourdes, au début de l’assemblée de printemps des évêques de France. «Cela fait 17 ans que je suis évêque, deux fois il y a eu dénonciation. Et immédiatement, j’ai suspendu le prêtre», a assuré le cardinal devant la presse avant de lancer: «Jamais, jamais, jamais, je n’ai couvert le moindre acte de pédophilie». (cath.ch-apic/imedia/ami/bl/be)

15 mars 2016 | 17:43
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
Barbarin (11), Lombardi (4), Lyon (44), Pédophilie (149)
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