Brésil: Les évêques en appellent à l’éthique face à la crise politique
La présidence de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) a rendu publique, le 11 mars 2016, lors d’une conférence de presse, une note exhortant les dirigeants à l’éthique, dans la période de crise politique que traverse actuellement le pays. Un évêque a également été transféré de son diocèse pour avoir traité l’ancien président Lula de «serpent».
Dans ce texte, la CNBB manifeste ses préoccupations quant à la situation du pays: «Nous vivons une profonde crise politique, économique et institutionnelle qui a comme toile de fond l’absence de références éthiques et morales, piliers pour l’existence et l’organisation de toute société. La recherche de solutions requiert du discernement, de la sérénité et le sens des responsabilités».
Se référant, sans jamais les citer, aux scandales politico-financiers qui agitent le Brésil depuis plusieurs mois, les évêques tiennent à réaffirmer que «toutes les solutions qui répondent aux lois du marché et aux intérêts politiciens avant ceux du peuple, en particulier des plus pauvres, nient l’éthique et se détournent du chemin de la morale».
Les élus doivent montrer l’exemple
La note rappelle la nécessité de maintenir, quelles que soient les circonstances, le dialogue et le respect. «Nous invitons tous et toutes à œuvrer pour que la paix demeure dans toutes actions et déclarations. Chaque personne est invitée à trouver des solutions pour faire face aux difficultés auxquelles le pays est confronté. Nous sommes appelés à dialoguer pour pouvoir construire un pays juste et fraternel», soulignent les prélats brésiliens. Ils précisent qu’il s’agit de commencer par les responsables politiques et les élus du peuple, qui doivent montrer l’exemple en terme d’intégrité.
Fortifier la gouvernabilité du Brésil
«La possibilité de surmonter la crise que nous vivons passe par le refus systématique de toute forme de corruption, par l’accroissement du développement durable et par le dialogue qui résulte d’un compromis entre les responsables de l’administration des pouvoirs au sein de l’Etat et de la société», martèlent les évêques. Pour la CNBB, le Congrès national et les partis politiques ont le devoir éthique de favoriser et fortifier la gouvernabilité du pays.
La CNBB estime que la stabilité et la crédibilité des institutions ne sera sauvegardée que si les soupçons de corruption sont l’objet d’investigations et sont jugés par les instances compétentes. «Car ces institutions formatrices d’opinion de la société ont un rôle important dans la reprise du développement, de la justice et de la paix sociale», concluent les prélats.
«Lula, le serpent»
Cette déclaration de la CNBB intervient dans un climat politique extrêmement tendu. L’ancien président Lula, au pouvoir entre 2003 et 2011, déjà soupçonné de corruption dans l’enquête sur la société nationale Petrobras, est maintenant suspecté «d’occultation de biens et de blanchiment d’argent» dans une autre affaire. Le 10 mars dernier, le parquet de Sao Paulo a d’ailleurs requis son placement en détention provisoire. Cette décision, jugée partisane par une partie de la classe politique et de la population brésilienne, fragilise également l’actuelle présidente Dilma Rousseff, «l’héritière» de Lula.
C’est dans ce contexte que le Vatican a décidé de transférer, le 10 mars, Mgr Darci José Nicioli, évêque auxiliaire d’Aparecida, dans l’Etat de Sao Paulo, vers l’archidiocèse de Diamantina, dans l’Etat du Minas Gerais, au centre du pays. La mesure aurait été motivée par une déclaration de Mgr Nicioli, lors d’une messe dominicale dans la cathédrale d’Aparecida. Le prélat a comparé l’ancien président à un «serpent dont il faut piétiner la tête» et ainsi «vaincre le mal pour le bien de notre Christ Seigneur». Dans un communiqué, Mgr Nicioli a cependant affirmé regretter ses propos qui auraient été mal interprétés. Il a demandé pardon aux personnes qu’il a pu offenser. (cath.ch-apic/jcg/rz)