Le chemin de Damas de l'abbé Edgar Imer
Emporté à 61 ans des suites d’un cancer, l’abbé Edgar Imer a marqué l’esprit des gens qui ont croisé son chemin. Lui-même avait rencontré le Christ sur un «chemin de Damas». Une conversion digne de saint Paul qui l’a mené à la prêtrise.
Prêtre au parcours atypique, Edgar Imer avait tout plaqué à l’adolescence, y compris la foi et l’Eglise. Alors qu’il ne connaissait pas son solfège, il a passé son enfance à chanter dans le chœur de la Neuveville, ville qui l’a vue naître le 6 février 1955. A cette époque, il rencontre Paul Frochaux, directeur de ce chœur neuvevillois.
A l’initiative de son père, il pratique la boxe à Berne pendant quelques années. Mais ce qui le passionnera le plus, ce sont les langues, pour lesquelles quittera la Suisse quelques temps. Une période durant laquelle il s’éloignera aussi de l’Eglise et de la pratique religieuse.
Converti à Madrid
Lors d’un séjour linguistique à Madrid, il rencontrera un pasteur évangélique américain qui lui répète souvent un verset du Livre de l’Apocalypse. «Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui».
Des paroles qui ne l’ont pas spécialement interpellées sur le moment, – il avait une vingtaine d’années. Jusqu’à ce fameux dimanche où, trainant les pieds, il se décide à franchir la porte d’une église madrilène pour assister à la messe. C’est alors qu’à peine arrivé, il entend ce même passage en train d’être récité. Les paroles ne font qu’un tour en lui et, tombant à genoux, les larmes à l’œil, il décide d’offrir son cœur et sa vie à Dieu.
Ayant mûrement réfléchi à cet appel de Dieu, il entre au séminaire à 24 ans, pour le diocèse de Bâle. La même année que l’abbé Paul Frochaux, de trois ans son ainé, qui lui s’engage pour le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF). Un lien d’amitié se liera entre un trio formé des deux prêtres et du futur évêque Mgr Alain de Raemy.
Engagé pour l’Unité
Issu d’un couple catholique-protestant, il témoigne de son engagement pour l’œcuménisme dès le commencement de son ministère à Porrentruy (JU) en 1985. «Il a pris la charge d’aumônier des couples mixtes de Porrentruy. Je m’en rappelle très bien puisque c’est le cas de mes parents», explique Antoine Dubosson, vicaire dans le Jura pastoral.
Puis prêtre à Courtételle, Courfaivre et Develier, dès l’année 1991, il lance la rénovation de la chapelle de l’Unité à Develier-Dessus, avec l’abbé Maurice Queloz. «Il y avait beaucoup de bénévoles, avec une forte participation de la part de paroissiens réformés du coin», se rappelle l’abbé Antoine. Parallèlement, Edgar Imer fut également très impliqué dans la question des vocations.
Très apprécié auprès des jeunes Jurassiens, il a su séduire par son côté boute-en-train.
Guitare à la main et clope au bec
Très apprécié auprès des jeunes Jurassiens, il a su séduire par son côté boute-en-train. Guitare à la main et clope au bec, il était capable d’improviser un concert. «C’est le premier prêtre que j’ai entendu dire ‘m…’, parce qu’il a démarré la voiture avec le coffre ouvert», se souvient Noël Pedreira. «Il fut le prêtre de mon adolescence, mais également celui qui m’a épaulé durant mon stage d’assistant pastoral laïc à Moutier», raconte l’actuel aumônier à l’armée.
Un homme à plusieurs facettes
Sans doute, ce qui fascine le plus dans la personnalité de l’abbé Edgar sont tous les paradoxes qu’il a assumés tant bien que mal durant son ministère. Ceci à travers différents témoignages de personnes qui ont souhaité garder l’anonymat.
Considéré par certains comme conservateur, il faisait preuve d’une inconditionnelle miséricorde vis-à-vis des autres. Prêtre à forte personnalité, il a touché les uns par son humour et les nombreux projets qu’il a initiés. D’autres n’ont pas supporté ce qu’ils ont considéré comme de l’autoritarisme. Une chose est sûre, l’abbé Edgar Imer a marqué l’esprit des gens qui ont croisé son chemin. (cath.ch-apic/gr)
Trajectoire de vie, proposée par cath-vd.ch
Pour rappel, voici les étapes du ministère de l’abbé Edgar Imer :
– membre de l’EP des paroisses de Porrentruy, Bressaucourt et Fontenais, de 1985 à 1991,
– membre de l’EP des paroisses de Courtételle, Courfaivre et Develier, de 1991 à 2001,
– curé de la paroisse de Moutier, de 2001 à 2006,
– doyen du Doyenné du Jura bernois, de 2004 à 2006,
– chanoine non résident du Chapitre cathédral du diocèse de Bâle, dès 2005,
– prêtre auxiliaire, puis curé in solidum au sein de l’UP Grand-Vevey, de 2006 à 2012,
– curé modérateur de l’UP La Venoge – L’Aubonne, dès 2012,
– doyen pour la région de La Côte (décanat St-Bernard), dès 2015.