Une détenue de la prison de Cereso 3, de Ciudad Juarez,  embrasse le pape François  (Keystone Gabriel Bouys/Pool Photo via AP)
Vatican

«Celui qui a vécu l’enfer peut devenir prophète», assure le pape

Au dernier jour de son séjour sur le sol mexicain, le 17 février 2016, le pape François s’est rendu à Ciudad Juárez, à l’extrême nord du pays, où il a commencé par visiter une prison parmi les plus violentes d’Amérique latine. Entre les murs de cet établissement qui compte 3’000 détenus, il a assuré que celui qui avait affronté la douleur jusqu’au plus haut point et «vécu l’enfer» pouvait devenir prophète dans la société.

Une nouvelle fois, le pape a exprimé son opposition à un système carcéral trop centré sur la mise hors d’état de nuire des délinquants et pas assez sur leur réhabilitation.

A l’occasion du Jubilé de la miséricorde, le pape François a encouragé quelque 700 détenus, réunis dans une cour du centre de réadaptation social Cereso n°3, à ne pas rester prisonniers du passé et à ouvrir la porte de l’avenir. «Luttez ici, à l’intérieur, les a-t-il exhortés, pour inverser les situations qui causent le plus d’exclusion. (…) Aidez à briser le cercle de la violence et de l’exclusion». «Il n’y a pas d’endroit où (la) miséricorde ne puisse arriver, il n’y a pas de milieu ni de gens qu’elle ne puisse toucher», a aussi affirmé le pontife avant d’ajouter : «Celui qui a affronté la douleur jusqu’au plus haut point et dont nous p ourrions dire ›il a vécu l’enfer’ peut devenir prophète dans la société›.

Dans l’établissement pénitentiaire où des émeutes sanglantes avaient défrayé la chronique en 2009, le pontife latino-américain a tancé un système carcéral qui cherche à mettre «les personnes dans l’incapacité de continuer à commettre des délits», plus qu’à promouvoir les processus de réhabilitation. Le pape y a vu le symptôme d’une culture qui a cessé de miser sur la vie ; d’une société qui a abandonné progressivement ses enfants, des silences et des omissions qui ont provoqué une culture du rejet.

La prison, seule solution ?

«Nous avons déjà perdu plusieurs décennies, pensant et croyant que tout se résout en isolant, en écartant, en emprisonnant», a alors insisté le pape François, mais le problème de la sécurité ne se résout pas par le seul emprisonnement. De Ciudad Juárez, longtemps considérée comme la ville la plus violente du monde sur fond de guerre fratricide entre cartels de la drogue, le pape a assuré que la réinsertion ne commençait pas en prison mais au dehors, dans les rues de la ville. «A chaque fois que j’entre dans une prison, a-t-il une nouvelle fois confié, je me demande pourquoi eux et pas moi ?»

A deux reprises, au cours de cette visite d’une heure, le pape François est passé à bord d’une voiturette à travers les prisonniers parfaitement alignés, en survêtement gris. Des chants latino-américains, dont des tangos argentins joués par un petit orchestre de détenus, ont animé cette rencontre.

Au nom des autres prisonniers, une détenue a accueilli le pape. «Votre venue dans ce centre, lui a-t-elle notamment confié dans un témoignage poignant, est un appel à la miséricorde, surtout pour ceux qui ont perdu l’espérance de la réhabilitation».  «La majeure partie d’entre nous avons l’espoir de la rédemption, a-t-elle poursuivi, et dans certains cas la volonté de l’obtenir». (cath.ch-apic/imedia/mp)

Une détenue de la prison de Cereso 3, de Ciudad Juarez, embrasse le pape François (Keystone Gabriel Bouys/Pool Photo via AP)
18 février 2016 | 00:59
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
Mexique (146), prison (109), Voyages du pape (545)
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