François-Xavier Putallaz

Un signal de banalisation du suicide

NDLR: François-Xavier Putallaz revient sur la prise de position de sœur Marie-Rose, Ursuline sédunoise, en faveur de l’euthanasie, dans Le Nouvelliste du 15 février 2016.

Pour qu’il y ait un dialogue, il faudrait qu’il y ait matière pour cela. Or les affirmations de cette sœur suscitent moins de l’indignation que de la compassion, tant les arguments sont faibles.

Il est en effet ridicule d’affirmer que l’Eglise condamne qui que ce soit. Mais la vérité est que, dans le cas du suicide assisté ou d’une euthanasie, c’est quelqu’un qui provoque directement la mort. Dans le cas des soins palliatifs, au contraire, la médecine et l’humanité des accompagnants soulagent la souffrance: si la personne décède, la cause en est alors la maladie. Prétendre, avec la sœur, que la «sédation profonde et le suicide assisté poursuivent le même objectif», relève du canular.

L’Eglise, et la saine philosophie, insistent sur la centralité de la vérité. Mais elle sait aussi la faiblesse de chacun, la mienne comme la vôtre, et la complexité des situations de vie. Jamais il n’y aura donc de jugement sur les personnes. C’est pourquoi, tout en se distançant de l’aide au suicide, l’Eglise invite à accompagner ces personnes jusqu’au bout de leur vie.

«Les affirmations de cette sœur suscitent moins de l’indignation que de la compassion, tant les arguments sont faibles.»

Dire que le suicide n’est pas condamné dans la Bible? Ce n’est pas à un philosophe d’en faire lecture, mais on dénombrera les sept suicides dans la Bible (chacun connaît au moins celui de Judas), et dire qu’ils ne sont pas condamnés, est probablement de la méconnaissance.

Quant au fond du problème, le Valais est en train de trouver une solution souple, adéquate et très humaine; vouloir introduire maintenant une législation sur l’aide au suicide dans les hôpitaux et EMS relève d’un discours vieillissant et dépassé. D’autres solutions concrètes sont envisagées, solutions d’avenir, depuis notamment la constitution d’un Conseil d’éthique clinique dans les hôpitaux. Cautionner l’aide au suicide dans les institutions de soin, c’est donner un signal de banalisation du suicide, alors que celui-ci représente dans notre société suisse un grave problème de santé publique. Les signaux sont totalement brouillés.

Voyez les statistiques: en dix ans, le nombre de suicides «non assistés» est resté stable, quoique dramatiquement élevé à trois par jour. Les suicides assistés ont augmenté de 370%, passant de 279 par année, à plus de 1’000 en 2014. Ce qui fait six suicides aboutis par jour en Suisse (cinq à dix fois plus de tentatives). Cautionner un tel état de fait, et y inciter en oubliant les drames terribles qui se vivent dans les familles, voilà qui frise l’irresponsabilité!

François-Xavier Putallaz | 15.02.2016


Voir aussi: Le suicide assisté en débat dans l’Eglise valaisanne

Le diacre avait provoqué volontairement la mort de ses patients
15 février 2016 | 17:19
par François-Xavier Putallaz
Temps de lecture : env. 2  min.
diocèse de Sion (191), Exit (24), Suicide (36)
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