"Les fiançailles peut devenir vraiment un temps d’initiation. A quoi? A la surprise!", lance le pape. (Photo: Flickr/Ryan G. Smith/CC BY-NC-ND 2.0)
Suisse

Saint-Valentin: les fiançailles, l’amour en fête

Le 14 février, la Saint-Valentin fête les amoureux. Pour le pape François, la fête est une occasion d’évoquer un rite qu’il veut promouvoir parmi les couples catholiques: les fiançailles.

Marie est amoureuse de Romain. Et Romain de Marie. Pourtant le stade «copain-copine» réclame une autre étape. Pas encore celle du mariage, mais celle des fiançailles, toutes proches. «On se fiance pour se marier, confie Marie. Cela donne un coup d’envoi à notre préparation au mariage». Le couple prévoit de se passer la bague du doigt dans un an. «Les fiançailles, c’est un signe pour nous et pour notre entourage. Ça officialise le début de la préparation au mariage».

Un temps d’initiation

Ce chemin d’amoureux vers le mariage connote un changement. C’est ce que souligne, de son côté, le pape François, chaleureux conseiller des amoureux. A la Saint-Valentin, le 14 février, il leur adresse toujours un message particulier.

Le 14 février 2014, il invite les futurs mariés à Rome, à l’initiative de Mgr Vincenzo Paglia, ancien évêque de la ville italienne de Terni: c’est la cité de saint Valentin, le patron des amoureux depuis le XVe siècle. «Les fiançailles peut devenir vraiment un temps d’initiation. A quoi? A la surprise!», lance le pape devant les centaines de couples présents sur la Place Saint-Pierre. De fait, pour François, «les fiançailles doivent être revalorisées comme un temps de connaissance et de partage d’un projet».

En 2015, le pape évoque de nouveau les fiançailles dans son message du 14 février: «Les fiançailles sont un temps dans lequel deux personnes sont appelées à faire un beau travail sur l’amour, un travail associé et partagé, qui va en profondeur. On se découvre petit à petit, c’est-à-dire que l’homme ›apprend’ la femme en apprenant cette femme, sa fiancée; et la femme ›apprend’ l’homme en apprenant cet homme, son fiancé. Ne sous-estimons pas l’importance de cet apprentissage: c’est un bel engagement, et l’amour même le demande, parce que ce n’est pas un bonheur insouciant, une émotion fascinée».

«Sans parler de la belle-mère!»

Les conseils de Jorge Bergoglio aux fiancés sont simples et pratiques. En 2014, au cours d’un échange avec trois couples, il évoque la peur de l’engagement qui peut les habiter. Il la met en parallèle avec la crainte existant chez les futurs prêtres. S’engager pour la vie? Un défi. Mais, dit le pape, l’amour n’est pas seulement un sentiment, mais «une relation à faire croître, à construire comme une maison». A cet égard, «un mariage ne réussit pas seulement sur la durée, mais importe sa qualité». Et d’ajouter: «Le mari parfait n’existe pas, ni la femme parfaite… sans parler de la belle-mère parfaite!».

Dans ses interventions, il conseille son roman préféré: Les fiancés d’Alessandro Manzoni, un classique de la littérature italienne du XIXe siècle. Deux fiancés doivent vaincre de multiples obstacles pour pouvoir s’unir enfin.

«Un mariage non pas mondain, mais chrétien»

La revalorisation des fiançailles par le pape correspond-elle aux réalités contemporaines? Pour Marie, future fiancée, ce rite a perdu de son importance à une époque marquée par la cohabitation avant le mariage. «Aujourd’hui les fiançailles sont vécues autrement. On présente plus facilement le copain ou la copine à ses parents. Alors se fiancer peut paraître désuet. Et notre génération a d’autres moyens de dire son engagement…».

Toutefois, l’Eglise catholique semble redonner de la valeur à la phase de préparation à l’union conjugale. Pour le pape François, les cours de préparation au mariage sont importants. Car il s’agit de préparer un mariage «non pas mondain, mais chrétien».

Une bénédiction

La période qui a suivi le concile Vatican II une réflexion s’est développée sur le rite des fiançailles. Résultat: le Livre des bénédictions de 1984, dans sa version en latin, prévoit une bénédiction des fiancés. Des évêques africains et asiatiques avaient insisté, notamment lors du Synode sur la famille de 1980, pour qu’un tel rituel y figurât. En effet, dans leurs pays, existe fréquemment le mariage par étapes. Les fiançailles représentent donc une balise importante sur le chemin de l’union définitive.

Selon les directives romaines, les fiançailles peuvent être célébrées dans l’intimité des familles. Toutefois, si un prêtre ou un diacre est présent, il présidera la cérémonie, qui n’est pas un mariage.

Les couples «recatholicisés»

Du côté des mouvements spirituels, le retour en grâce des fiançailles a également été observé. En France le livre Les fiançailles (1993, Le Sarment) du dominicain Alain Quilici, suivi de Le temps des fiançailles (2013, Salvator), illustre le regain d’intérêt. Sur Internet, le site fiancailles.org accompagne les fiancés en abordant sans concession leurs questions: construire son couple, sexualité et chasteté, couple et foi, les difficultés, etc. Des échanges par courriel sont possibles pour poser toutes les questions.

Alors, les fiançailles à nouveau à la mode? Pour certains, le mariage a été dévalorisé par des démarches automatiques, éloignées d’un acte de foi. Du coup les fiançailles seraient une manière de «recatholiciser» les couples en insistant sur le sérieux de la démarche. Et les appels du pape accréditent la version d’un retour à ce rituel ancien.

Mais les jeunes ne sont pas dupes. «C’est un beau rite, mais on comprend qu’il perde de l’importance, confie Marie, future fiancée. Mais les fiançailles sont vécues autrement aujourd’hui. Et ce qui est important pour nous, c’est de vivre cette période en étant accompagnés par l’Eglise». Et de conclure: «Avec les fiançailles, on se donne une période dédiée». Bref, une chance. (cath.ch-apic/bl)

 

«Les fiançailles peut devenir vraiment un temps d’initiation. A quoi? A la surprise!», lance le pape.
13 février 2016 | 12:02
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 4  min.
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