La pornographie,»un cancer fulgurant qui affecte la société philippine»
Dans un message à l’occasion de l’entrée en carême, la Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP) tire la sonnette d’alarme sur»un cancer social partout», c’est-à-dire la pornographie sur internet, rapporte le 12 février 2016, l’agence d’information «Eglises d’Asie».
Dans leur message «Créé pour l’amour, créé pour la chasteté – une réponse pastorale au mal que représente la pornographie», les évêques décrivent la pornographie comme une»tragédie contemporaine»,»un cancer fulgurant qui affecte la société philippine, en blessant et corrompant»de nombreux hommes, femmes et enfants.
«Les parents doivent avoir une attitude responsable en guidant et en encadrant leurs enfants lorsqu’ils vont sur Internet, afin de les protéger de la cyber-pornographie», déclare Mgr Socrates Villegas, archevêque de Lingayen Dagan et président de la CBCP.
L’accès rapide et facile à la pornographie sur internet en fait un des commerces en ligne les plus juteux au monde. L’industrie de la cyber-pornographie s’est rapidement développée dans les pays en développement, la misère économique et sociale faisant des enfants une proie facile pour les réseaux de prostitution.
Selon les évêques philippins, la pédopornographie est alimentée par des réseaux locaux et étrangers qui exploitent les enfants et les familles pauvres et vulnérables. En 2014, d’après la police philippine, le pays faisait partie du top 10 des pays produisant le plus d’images pédopornographiques dans le monde. La même année, les revenus générés par la cyber-pornographie ont dépassé ceux issus du commerce illégal de stupéfiants.
La pédopornographie sur internet, un business rentable
Les grandes agglomérations ne sont pas les seules concernées. Même certains villages de pêcheurs sont désormais touchés par le fléau. Dans des huttes en bambou, ou derrière des petites maisons en briques, à l’abri des regards, des enfants sont obligés d’accomplir des actes sexuels devant des caméras, forcés par des voisins, ou des membres de leur propre famille, luttant contre la misère. Les vidéos, commandées et payées par des pédophiles du monde entier, sont ensuite mises en ligne sur internet.
La demande est si forte et ce commerce si rentable – une vidéo rapporte entre 10 et 100 dollars US, alors que 60% de la population philippine vit avec deux dollars US par jour – que certains villageois philippins ont abandonné la pêche pour se consacrer exclusivement à ce»business».
En 2009, le gouvernement philippin a fait voter une loi, pour pénaliser la production, la distribution et la diffusion de matériel pornographique et obscène, mais cette dernière est peu appliquée. Le problème est que le commerce de la cyber-pornographie se déroule dans des lieux privés et que, dans ce cas précis, la police ne peut intervenir qu’avec un mandat judiciaire. D’après des sources policières, les parents philippins impliqués dans la cyber-pédopornographie, banalisent le cybersexe, justifiant le fait que s’exhiber devant une caméra ne peut être considéré comme de la réelle prostitution, puisqu’il n’y a pas de contact physique.
Faire connaître de la miséricorde de Dieu aux victimes
Selon les ONG œuvrant auprès des enfants abusés, les victimes de la cyber-prostitution infantile souffrent souvent de traumatismes sévères et profonds. Les conséquences psychologiques provoquant les mêmes dégâts que la prostitution réelle: anxiété, dépression, impossibilité d’établir des relations normales avec les adultes, consommation de drogues dès le plus jeune âge etc.
Dans leur lettre, les évêques philippins entendent porter une attention particulière aux victimes.»La pornographie provoque de graves blessures, touche à la dignité des personnes concernées, que ce soit les acteurs, les consommateurs ou les distributeurs, car chacun est déshumanisé par une industrie qui existe uniquement pour justifier le profit illégal réalisé par certains individus.»
L’Eglise est là pour affirmer et proclamer»le pouvoir de guérison de Jésus, lui qui est le visage de la miséricorde de Dieu».»A tous ceux qui ont été exploités et victimes de l’industrie pornographique, rien de ce que vous avez fait ou enduré ne peut vous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ», écrivent les évêques, ajoutant :»Vous êtes et resterez toujours les enfants chéris et aimés de Dieu, crées à son image et à sa ressemblance.» (cath.ch-apic/eda/mp)