Fribourg: L'avenir de RTSreligion en débat
Il était question de l’avenir des émissions religieuses de la RTS, ce mardi soir 2 février à Fribourg. Une quarantaine de personnes étaient présentes à l’invitation de la société fribourgeoise de radio et télévision (SRT) pour assister au débat qui opposait le monde politique et religieux aux représentants des instances directionnelles de la RTS.
Ce 2 février à l’Ancienne Gare, il s’agissait de savoir «si tout est joué», selon le mot du président de la SRT-Fribourg Léon Gurtner, à l’initiative de la rencontre. En d’autres termes, de scruter le caractère irrévocable de la diminution de 1,2 million de francs sur le budget de 2,8 millions des émissions religieuses.
Une question d’autant plus pertinente que plus de 23’000 personnes ont signé la pétition «Soutenons RTSreligion», manifestant ainsi leur attachement à ces contenus ainsi qu’à la manière dont ils sont traités.
Un coupe linéaire?
La question de la proportion était donc au cœur du débat. «Pourquoi ne pas avoir envisagé une coupe linéaire?», s’est interrogé le conseiller national et vice-président du parti démocrate-chrétien (PDC) Dominique de Buman. «Je n’arrive pas à croire que 3% linéaire n’était pas possible, a-t-il lancé à Gilles Pache et Romaine Jean, respectivement directeur des programmes RTS et directrice de la rédaction Société RTS. Pourquoi RTSreligion doit subir une coupe de 40% alors qu’il semble qu’aucune restriction budgétaire soit à l’ordre du jour dans des domaines ‘argentivores’ comme le sport?»
«Si l’on table la politique de la RTS sur l’audimat, qu’est-ce qui justifie un quasi monopole d’Etat?»
«Quand il faut faire des économies de cet ordre-là, on ne peut pas chercher émission par émission», selon Gilles Pache, qui détaille la manière dont ces coupes ont été réalisées. Parmi les plus grands lésés: les productions propres de la RTS – dont le coût de production par minute s’élève à 2000 francs – la musique populaire, les émissions pour la jeunesse et… les émissions religieuses.
L’audimat, le nœud de la guerre
Au cœur de ces choix stratégiques complexes, un élément revient régulièrement: l’audimat. Un contre-argument aux coupes linéaires, selon Romaine Jean. Pourquoi faudrait-il réduire le budget du magazine Temps Présent, qui rassemble 300’000 téléspectateurs en moyenne, du même montant que Faut pas croire, qui lui n’intéresse généralement que 10 à 12’000 téléspectateurs?
Pour Gilles Pache et Romaine Jean, l’audimat n’est ni un «vilain mot», ni «quelque chose de négatif», mais bien plutôt l’indice d’une légitimité. «Les chiffres montrent qu’il y a une vraie adhésion du public romand aux émissions qui lui sont proposées par la RTS».
Pressions politiques
Mais Dominique de Buman ne l’entend pas de cette oreille. «Si l’on table la politique de la RTS sur l’audimat, qu’est-ce qui justifie un quasi monopole d’Etat [quant à la redevance] par rapport aux médias privés? Si les critères de succès sont appliqués de manière identique à la RTS que dans le privé, je crains qu’il n’y ait bientôt plus de majorité en faveur de la SSR au Parlement».
«Je vous demande de revenir sur votre décision, a insisté le conseiller national, au nom des 23’000 signataires de la pétition».
Or cette réduction budgétaire semble irrévocable, à entendre Gilles Pache qui souhaite désormais «passer à l’étape suivante: se mettre autour d’une table et construire un projet éditorial». De concert avec Romaine Jean, ils n’ont cessé de rappeler l’importance d’un traitement de pointe du fait religieux, que tous deux souhaitent maintenir au sein de la RTS, avec un budget plus étroit.
«Il n’est pas question de supprimer les magazines et la diffusion des offices, il est question de ‘re-réfléchir’ les émissions religieuses». Et cette réflexion sera amorcée d’ici mi-février entre la RTS, Cath-Info et Media-Pro, selon Gilles Pache.
Les Eglises sous le choc
Les Eglises, également présentes à cette rencontre en tant que partenaires, se sont dites étonnées de la décision de la RTS et, plus encore, du manque de communication préalable. «Aucun signe avant-coureur, aucune consultation, aucun dialogue», s’est désolé Rémy Berchier, vicaire épiscopal du canton de Fribourg. L’annonce de ces mesures a mal été reçue, côté catholique. «Nous avons eu le sentiment de ne pas être pris au sérieux».
Même son de cloche du côté du président du Conseil synodal fribourgeois, Pierre-Philippe Blaser. «Nous avons reçu cette information de manière brutale. Quelque chose a été rompu dans le lien de confiance».
Les Eglises seront aussi conviées à la table des négociations, assure Romaine Jean. Rendez-vous est pris pour Rémy Berchier, qui esquisse une perspective d’avenir sous forme de question. «Il y a des alternatives pour la diffusion des cultes et des messes sur des chaînes comme France2 ou KTO. En revanche, il n’y aucune alternative aux magazines visés, à forte valeur rédactionnelle ajoutée. N’y aurait-il pas la possibilité de revoir la diffusion du nombre de cultes et de messes à la baisse au profit de la diffusion des magazines?»
C’est là un des enjeux de la négociation qui s’ouvre désormais avec la RTS. Et il y a matière à négocier. (cath.ch-apic/pp)