Le cercueil de Jan de Haas, porté par son fils Robin, au premier plan. (Photo: Grégory Roth)
Suisse

Jan de Haas: «Un second père pour beaucoup»

Le pasteur Jan de Haas a été enterré lundi 1er février 2016 à Moudon. Une grande église bien trop petite pour accueillir le millier de personnes venu rendre hommage à ce «Guy Gilbert» de l’Eglise réformée vaudoise, à l’écoute des toxicomanes à Lausanne et des migrants à Moudon. Le jeune retraité laisse un grand vide partout où il a passé.

Ce Néerlandais d’origine n’aimait pas les catégories. Elles appauvrissent et divisent les personnes. Jan de Haas, enfant de Mai 68, accueillait les gens de la rue, comme ses parents jadis avaient caché chez eux des familles juives. Engagé pour la justice envers les plus cabossés, le pasteur était actif dans plusieurs associations, dont l’ACAT et Coexistence, et soutenait régulièrement des initiatives politiques, lorsque les droits humains étaient en jeu.

Josef Zisyadis se souvient

Récemment libéré de sa charge pastorale, Jan de Haas comptait s’engager davantage en politique. Conseiller communal, il figurait sur les listes du Parti socialiste pour les élections communales moudonnoises de février 2016. Josef Zisyadis, ancien conseiller national pour le Parti ouvrier et populaire (POP), se rappelle: «Pendant nos études de théologie, nous débattions souvent sur le rapport entre christianisme et communisme». De leurs soirées arrosées d’étudiants, ils nourriront tous deux la vocation de pasteurs de rue à la fin des années 70. Josef à Paris et Jan à Lausanne, d’où naîtra la Pastorale de rue en 1990.

«Ce grand homme s’en est allé trop tôt»

«Un second père»

Comparé à un personnage de Bible, Jan de Haas était un serviteur. «Le serviteur qui parcourt les rues pour ramener tout le monde sans distinction à la table des noces», selon le pasteur Laurent Zumstein, qui a célébré le service funèbre, devant une foule composée entre autres de chrétiens, de musulmans, de bouddhistes et d’athées. «Il aura été un second père pour beaucoup de personnes». Surtout auprès de ceux qui n’ont pas reçu d’amour de leur vrai père. Lorsque des jeunes que Jan de Haas accompagnait mouraient du sida dans la rue, il disait souvent qu’ils étaient «nés au ciel», indique Laurent Zumstein. «Tel qu’il l’a espéré pour toutes ces victimes de la drogue, aujourd’hui c’est lui qui est né au ciel».

Il s’en est allé trop tôt

Venue en partie des Pays-Bas, la famille du défunt n’a pas manqué de partager des souvenirs d’enfance. Le peuple rassemblé a découvert les facettes d’un Jan curieux et farceur, mais allant toujours au bout de ses entreprises. L’enfant, tout comme le pasteur, était déterminé. Une énergie qu’il puisait dans l’amour des siens et dans la prière. Ne redoutant pas les barrières confessionnelles, cet amateur de la liturgie aimait se recueillir à l’Abbaye cistercienne de la Fille-Dieu près de Romont. Au service des autres durant sa vie et déjà bourré de projets pour sa retraite, «ce grand homme s’en est allé trop tôt», s’accordent à dire tout ceux qui l’ont connu. (cath.ch-apic/gr)

Le cercueil de Jan de Haas, porté par son fils Robin, au premier plan.
2 février 2016 | 17:55
par Grégory Roth
Temps de lecture : env. 2  min.
Décès (250), EERV (82)
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